Aguer Marianne

Ordiarp

« Mon amie Carlota est une Argentine de la bonne société de Buenos Aires * : psychothérapeute, professeur, épouse d’un médecin…
Elle ne sait rien des origines de sa famille, ou si peu de chose…à peine le nom de son arrière grand-mère née vers 1860, Marianne Aguer…
Elle sait aussi que Marianne Aguer est la fille de Pierre Aguer et de Marianne… dont le nom formé de quatre syllabes est illisible…
Voilà c’est tout…

Nous nous rencontrons en 2002 et depuis cette date elle devient obsédée par l’idée de retrouver ses ancêtres basques…
Mais, par où commencer ? Des Aguer au Pays basque, il y en a pratiquement dans tous les villages…
Et nous cherchons, elle, en Uruguay car la famille est passée par Montevideo, moi, dans les tables décennales des Archives de Pau où j’épluche tous les villages basques…
Pendant plus de deux ans, rien, rien, rien…
Elle ne se décourage pas…ce serait compter sans son extraordinaire ténacité. Elle s’obstine, elle continue…

Et un jour, miracle, elle trouve un acte mentionnant le village d’Espès !
Aussitôt l’acte de naissance de Marianne Aguer est retrouvé ainsi que celui du mariage de ses parents, et nous pouvons enfin savoir que ce nom illisible sur lequel elle ‘s’arrachait’ les yeux étant HEGOABURU….
Les mails fusent : « Encontré !!! Alegría !!! » Émotion, larmes !

Carlota connait enfin l’origine de son « abuelita », elle est aux anges et moi aussi, car je sais la joie que cela procure, ayant moi-même vécu cette aventure…

Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin, il nous faut maintenant retrouver d’éventuels cousins portant les patronymes AGUER, HEGOABURU, TEILLAGORRY et INCHAUSPE !
L’affaire se corse…il y en a partout… et les quelques familles contactées par téléphone ne sont pas intéressées. Il faut nous rendre à l’évidence, nous sommes dans l’impasse…c’est impossible…

Le 16 août 2007, Carlota met le pied sur la terre de ses ancêtres et le 17 nous nous rendons en Soule, direction Espès–Undurein :
Le village s’étire de long de la départementale ; nous nous arrêtons près de l’église…
C’est ici que tout a commencé, l’émotion monte…
L’église est fermée ; sa date de construction ou de rénovation est postérieure au départ des émigrés ; personne à l’horizon….
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous pique-niquons sur le fronton, nous prenons des photos, mais décidément le cœur n’y est pas, mairie, poste, école, tout est désespérément fermé…
Terriblement déçues, nous reprenons la route et nous nous dirigeons vers Ainharp**.

Le paysage est magnifique ; nous ne savons où donner des yeux…. les arrêts sont fréquents car nous voulons faire partager le spectacle à la famille restée en Argentine.
Une voiture jaune… le facteur !
Qui de mieux placé pour connaître un village ?
Allons droit au but :
« – Reste-t-il des Aguer à Ainharp ?
– Oui, une femme « signe » encore Aguer à la maison Miniaqui »

Grace à son rapide croquis, nous voilà devant la ferme indiquée.
Il est l’heure de la sieste, mais le facteur nous a assuré de la grande gentillesse des occupants, nous frappons donc à la porte.
L’accueil est simple et chaleureux sans cette méfiance si typique de la campagne…
On bavarde : d’autres Argentins sont venus, on se raconte les anecdotes transmises de générations en générations.
Cousins ? Pas cousins ? Peu importe, les uns viennent de la maison Daguerre, les autres de la maison Aguerria,… un grand courant de sympathie passe dans la ‘salle’ de la maison Miniaqui.
On offre le café, on sort le cognac et au bout d’une heure quand je regroupe tout le monde pour la photo, c’est certain ils sont cousins…
Carlota et Hector sont enchantés, et en France, disent-ils, tout est beau, coquet, fleuri et propre (!)

Marianne (eh oui, elle aussi s’appelle Marianne), veut nous faire visiter l’église. Ici elle est ouverte ! Mais de toute façon c’est elle qui a la clé…
L’église, la galerie de bois …Marianne allume toutes les lumières.
Cette petite église illuminée ravive l’émotion de Carlota, les larmes coulent et nous évitons les regards…
Deux dames ont vu l’église ouverte ; allons donc voir qui est là à cette heure !
Marianne est ravie de présenter ses « nouveaux » cousins argentins à la secrétaire de mairie et à la personne qui l’accompagne, elle aussi très sensibilisée à l’émigration et qui a reçu récemment la visite d’Argentins, « des Elissondo, dit-elle il n’y en a plus à Ainharp, mais c’est un nom courant dans la Pampa ».
Carlota et la secrétaire montent à la Mairie, située, chose rare, au dessus de l’église et se plongent dans les actes d’état civil comme dans un album de famille.
Ces noms, ces signatures tracées d’une main maladroite évoquent des histoires enfouies dans des mémoires que l’on croyait perdues. Elles ont maintenant un visage, celui de ces émigrés qui ont laissé leur empreinte au-delà des mers.
Larmes de joie, embrassades, photos et promesses de correspondre…
A cet instant il n’y a plus d’océan qui sépare la France de l’Argentine

Carlota est au comble de l’émotion :
Elle a symboliquement ramené ses aïeux au pays, ce pays qu’ils n’ont pu revoir mais dont ils ont si souvent parlé, elle a retrouvé ses cousins basques, le même sang coule dans leurs veines, elle le sait, elle le sent, et puis enfin, sa cousine d’Ainharp le lui a dit : elle voudrait bien visiter Buenos Aires !…

Mission accomplie…

 (Texte re-écrit par Claudine Sibers)

* Buenos Aires : capitale fédérale de l’Argentine : 203 Km2, 12 millions d’habitants
** Ainharp : village de la Soule en Pays basque 1.375 ha 181 habitants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

8 réflexions sur « Aguer Marianne »

  1. Jacky BERNARD

    Bonjour Christiane,
    Quand le Pays Basque et la Lorraine ont des histoires communes
    Je viens de lire le message, avec lien, que m’envoie Maria Carlota.
    Mon épouse Chantal est également la cousine de Maria Carlota par son ancêtre Isabelle PRECHEUR qui, à 18 ans, en 1879, quitte sa Meuse natale et émigre vers l’Argentine.
    En Août 2007, quelques jours avant le 17, nous avons également eu le plaisir d’accueillir Maria Carlota et de lui faire découvrir les lieux où son ancêtre était née, où elle avait vécu sa jeunesse.
    Ce fut une semaine « speed » chargée d’émotion et de rencontres.

    Bien cordialement
    Jacky et Chantal

    PS Très bien votre blog.

    Répondre
  2. François HUREAU

    Bonjour,

    Quel superbe témoignage !

    Au Pays-Basque et à la Lorraine je viens ajouter le Maine, dont les ancêtres de Maria-Carlota sont également originaires.

    Frédéric JAMIN, son arrière-grand-père a quitté Mayet, au sud de la Sarthe pour l’Argentine à la fin des années 1870 (je me demande d’ailleurs s’il n’y a pas épousé Isabelle PRECHEUR, je ne me rappelle plus).

    Maria-Carlota est également venue en pèlerinage sarthois il y a quelques années et y a rencontré des cousins qui lui ont fait connaître ce morceau de son histoire.

    Cordialement

    François

    Répondre
  3. Maria Carlota Piaggio Picas y Aguer , Hegoaguru, Inschauspé,Ta

    Mi amiga Christiane Bidot Naude, solidaria persona y genealogista que ayuda a los argentinos a encontrar sus orígenes vascos y bearneses. Ha inaugurado su pagina de internet las ramas cercanas de mis vascos , bajo la administración francesa.
    Nos hospedó con mi esposo, en su magnifica casa, como su corazón, y nos llevó a recorrer y conocer los lugares donde nacieron y vivieron mis bisabuelos y ancestros que ella había investigado en los registros de Pau.
    Nos encontró entre esos paisajes a Marianne Aguer, con el mismo nombre de mi bisabuela, mismo lugar de nacimiento y misma « Maison Aguer »!, etc.
    El Departamento de Turismo de Pau, nos preparó un acto de bienvenida y nos consideró ciudadanos vascos , en una ceremonia con entrega de boinas propias de vascos.
    Christiane: ¡MUCHAS GRACIAS¡ María Carlota y Hector.

    LOS ARGENTINOS SIEMPRE TE ESTAREMOS AGRADECIDOS POR TU CALIDEZ Y AYUDA DESINTERERESADA .

    Maria Carlota y Hector

    Répondre
  4. Maria Carlota Piaggio y Hector Fischer

    Christiane nous a logés, mon époux et moi, dans sa maison magnifique, belle comme sa bonté et elle nous a fait connaître les lieux où mes ancêtres sont nés et ont vécu.

    Elle m’avait aidé dans mes recherches, en consultant les archives de Pau.

    Elle nous a fait rencontrer Marianne Aguer du même nom que mon arrière grand -mère et née dans le même village et dans la même « Maison Aguer ».

    Le (CDT) Comité Départemental du Tourisme de Pau nous a accueillis en qualité de citoyens basques.

    Nous, Argentins, nous nous souviendrons toujours du chaleureux accueil reçu à Pau.

    C’était une expérience incroyable de fraternité et d’amour!

    Christiane ¡ Merci Beaucoup
    Hector et Maria Carlota .

    Répondre
  5. Maria Carlota PIAGGIO

    Christiane mon chere ami, Hector se souviennent encore de votre générosité, nous invitant à votre maison et à visiter quelques villages dans ma branche vasca.Para moi, encore des souvenirs très vifs de ce voyage, votre qualité bonne personne. Vous êtes une de ces rares personnes, qui sont toujours dans nos coeurs et de bons souvenirs, comme l’était Mauricio.

    Répondre

Répondre à Maria Carlota Piaggio Picas y Aguer , Hegoaguru, Inschauspé,Ta Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *