Castillou Joseph / Joe

Lurbe Oloron

Joseph Castillou est né à Oloron le 25 novembre 1857, c’est le cinquième des dix enfants de Jean Castillou-Bartet et de Claire Louise-Senders ; le couple habitait le quartier du Bager, région située entre les gaves d’Aspe et d’Ossau. Ce quartier était indivisis entre les communes de Lurbe, Oloron et Eysus on peut trouver des actes dans les trois communes.

Jean Castillou et Claire Louise se sont mariés à Lurbe en 1850 ; Jean, 29 ans, né à Asasp, fils de Pierre Castillou et de Jeanne Goussier ; Claire, 23 ans, née à Lurbe, fille de Jacques Louise-Senders et de Marie-Anne Laborde. Le couple s’installe dans la ferme de la famille Louise et la famille s’agrandit.

Pierre en mars 1851, Jacques en octobre 1852, Jean-Pierre en avril 1854, Bernard en décembre 1855, Joseph en novembre 1857, Marie en 1859, Anne-Marie en 1863, Marie- Jeanne en 1866, Bernard en 1868 et Pierre en 1870.

Les terres du Bager sont plus propices à la forêt qu’à l’agriculture, et c’est la grande époque de l’émigration vers l’Amérique. La vallée d’Aspe, certainement grâce à un agent domicilié dans la région, est la première à envoyer ses enfants vers la Californie ; les destinations habituelles étaient l’Uruguay puis l’Argentine.

Sept des dix enfants Castillou prendront le bateau en direction de New York ou La Nouvelle-Orléans puis la Californie, seul Joseph n’y restera pas et prendra la route du Canada.

Le grand périple

Pierre (1851), Jacques, Jean-Pierre, Joseph, Bernard(1868) et Pierre (1870) sont tous partis avant leur service militaire. Ceux qui sont restés en Californie sont « farmer » ils ont des élevages mais Joseph et son grand frère Jacques ambitionnaient un autre destin. Henry Castillou, le fils de Joe, raconte l’histoire de son père à travers plusieurs publications dont en voici une en anglais.

https://books.google.fr/books?id=fecJGyNKtwoC&pg=PA48&lpg=PA48&dq=british+colombia+joe+castillou&source=bl&ots=yuQL5sRtJs&sig=ACfU3U2o-cCFT_estin.

Joseph Castillou aurait émigré en compagnie de son frère Jacques, donc avant 1872, Joseph n’avait que 15 ans ; ils ont débarqué en Nouvelle Orléans, ils poussèrent ensuite jusqu’au Texas avant de se diriger, plein est, vers un endroit de la côte Ouest nommé « Tres Pinos ». Tres Pinos se situe dans le Comté de San Benito au sud de San Francisco. Le climat de cette région est agréable ce qui leur a permis de vivre sous des tentes. Au bout de quelques mois, ils ont progressé vers les montagnes du nord de la Californie ; sur leur route ils ont croisé un chercheur d’or Gregorio Garcia et rien n’est plus contagieux que cette fièvre.

D’après mes recherches Jacques se serait arrêté à Tres Pinos dans le comté de San Benito où on le retrouve en 1876.

Nous approchons des années 1880, la ruée vers l’or est terminée en Californie mais on vient d’en trouver dans les rivières de la Colombie Britannique, dans l’état de Cariboo. Joseph et Grégorio n’hésitent pas et poussent leurs montures jusqu’à Sumas, petite ville de l’état de Washington, à la frontière avec le Canada.

Quand les deux hommes sont arrivés à Yale ils n’avaient plus de provisions, les chevaux étaient affamés et en mauvais état car ils n’avaient traversé que des régions marécageuses sans herbe.

Joe a eu un moment d’abattement en réalisant que la cause était perdue et qu’il était ruiné…

Mais le destin faisant bien les choses, il eut la chance de croiser sur sa route un homme avec lequel il sympathisa.

Peut-on imaginer un tel voyage à cheval ? Pendant près de dix ans Joseph et divers compagnons ont mené une vie presque nomade, bien sûr il y avait de longs arrêts pour travailler, pour faire du commerce, pour gagner de l’argent mais toujours dans le but d’aller plus loin, vers l’or. Ils ont traversé les Etats-Unis d’est en ouest : à travers la Louisiane, le Texas, le Nouveau Mexique, l’Arizona pour arriver sur la côte californienne entre Los Angeles et San Francisco ; puis du sud au nord : remontant la Californie, l’Oregon, l’état de Washington. A la frontière canadienne il leur reste plus de 300 km pour arriver à Yale. Quel périple !

En Colombie britannique

Joe est maintenant à Yale, il essaie de se lancer dans le commerce des fourrures quand il eut la chance de croiser sur sa route un homme avec lequel il sympathisa. Cet homme se nommait Jean Caux ou « Cataline » selon son surnom local.

Quelle aubaine autant pour l’un que pour l’autre ! Tout en parlant les deux hommes se découvrirent des affinités communes et des lieux de naissance presque identiques, l’un à Oloron et l’autre certainement en Catalogne. Cataline trouve enfin quelqu’un qui comprend son langage : béarnais ou catalan il n’y a pas de problèmes et Joe Castillou trouve un compatriote qui va l’aider à se lancer dans le métier de packeteur. Pour ceux qui n’ont pas lu mon article sur Jean Caux, le packeteur est celui qui transporte des marchandises dans les zones reculées de montagnes où se sont installés les chercheurs d’or. Comme ces régions ne sont reliées ni par routes ni par chemin de fer le seul moyen d’y accéder c’est d’emprunter les sentiers de montagne abrupts et rocailleux. Le transport c’est d’abord effectué à dos d’Indiens puis avec des mules qui sont plus robustes, plus résistantes et au pas plus sûr que les chevaux.

Joe Castillou a accompagné Cataline pendant plusieurs années puis il a acheté un ranch d’élevage dans la vallée de Nicola dans la vallée du Coldriver (Merritt Herald)

Joe Castillou a fondé deux familles il s’est d’abord lié avec une Indienne une « native » puis il a épousé une suédoise Emma Engstron dont il aura Clara en 1894 et Henry en 1896.

Joe Castillou est décédé dans son ranch à Merritt à l’âge de 74 ans, son épouse Emma lui a survécu une dizaine d’années ; elle est décédé en 1832. Leur fils Henry a acquis une notoriété importante en Colombie Britannique mais aussi au Canada.

Henry Castillou

Henry Castillou, le fils de Joe et d’Emma Engstrom est né en 1896 dans la vallée de Coldwater près de la ville de Merritt. Son souvenir reste vivant dans cette ville sous le surnom du « juge cow boy ».

Dès 16 ans, conduisant un train de mules, il participe aux travaux de « packetteur » transportant des fournitures vers les lieux où travaillaient les chercheurs d’or puis il fait des études, devient avocat puis juge de la Cour Suprême du Comté de Cariboo en Colombie Britannique. Henry Castillou a exercé le droit à Vancouver où il a défendu, avec succès, plusieurs personnes accusées à tort de meurtre, en particulier des Indiens. Au cours de sa carrière il a été Conseiller politique et juridique de « la Fraternité des Indiens d’Amérique du Nord ».

A young Henry Castillou, second from left, after a hunting expedition. (Photo courtesy of Nicola Valley Museum and Archives).

En 1937, le gouvernement canadien l’a envoyé en Chine pour démêler un procès visant des immigrants chinois accusés de trafic d’opium.

« Castillou a pris sa retraite en 1960 et est décédé en 1967 à l’âge de 71 ans. On se souviendra toujours de lui comme d’un des premiers avocats de la Colombie-Britannique pour les droits des autochtones et d’un homme qui a adopté le style de vie de cow-boy de sa naissance ».

Sa petite fille, Jolène Castillou vivant à Vancouver, est entrain de rassembler les souvenirs de son grand-père.

Les frères Castillou

Au décès du père à Oloron en 1885, quatre fils sont domiciliés en Amérique ; Jacques, Jean-Pierre, Joseph et Marie mais en 1891 quand Claire Louise décède tous sont en Amérique.

Pierre né en 1851 est parti à San Francisco mais on ne trouve plus de trace de son émigration.

Jacques : C’est de Jacques que nous avons le plus de renseignements d’après divers recensements trouvés sur Familysearch. Jacques a émigré en 1870 à 18 ans. Si Joseph est parti avec lui comme le raconte Henry Castillou, il n’avait que 13 ou 14 ans. En 1876, il est mineur. En 1920, il vit à Santa Clara où il est maraîcher, il a 67 ans, son épouse Anna, française également a 58 ans a quitté le Béarn en 1884 ; ils vivent avec leur fille Jennie, 31 ans marié à Michel Batcabe de Buzy. En 1940, il ne reste plus que Anna Castillou et Michel Batcabe. Effectivement sur le monument funéraire à Gilroy Santa Clara, sont inscrits les décès de Jacques Castillou en 1920 à 67 ans ; Anna en 1948 à 86 ans et Jennie leur fille en 1937 à 48 ans.

Pierre ou Jean-Pierre né en 1854 a émigré en 1871 à 17 ans ; en 1910 à 56 ans il est mineur dans le Comté de Madera. Quand il se retire, il rejoint ses frères à Gilroy dans le Comté de Santa Clara où il décède en 1945 à 74 ans après avoir épousé une Française Mary.

Bernard né en 1855 reste une énigme, on ne retrouve même pas son registre militaire ce qui laisse penser qu’il est décédé avant ses 20 ans mais aucune trace de son décès.

Marie a épousé Pierre Bergerot à Lurbe en 1879. Le couple s’est installé à Lurbe et n’a jamais quitté le Béarn.

Anne-Marie reste avec ses parents dans la ferme du Bager, elle est encore célibataire en 1891 au décès de sa mère mais elle n’a pas encore 30 ans. La ferme du Bager est une petite exploitation avec un hectare de terres, ils devaient certainement vivre du troupeau qui va paître dans les pâturages de montagne.

Marie-Jeanne émigre toute jeune, à 17 ans elle est en Californie.

Bernard né en 1868 est resté à Oloron jusqu’au décès de son père puis il est parti en 1885 rejoindre ses frères en Californie. En 1910, il vit avec son jeune frère Pierre à Tres Pinos dans le Comté de San Benito, il est resté célibataire.

Pierre né en 1870 a émigré en 1887. Lui s’est installé plus au Sud de la Californie à Tres Pinos. En 1910il a 39 ans, il a épousé Mary, 27 ans, descendante d’Italiens et ils ont 3 enfants : Louise 9 ans, Bernard 8 ans et John 5 ans. En 1940, il vit toujours à Tres Pinos, à 69 ans il est veuf avec un fils John 35 ans, une fille Laura 28 ans et 2 petits enfants de 14 et 17 ans vivent avec lui. Quand il décède en 1845 à 74 ans ; son corps est inhumé à Gilroy comme tous ses frères.

 Avec l’aimable collaboration de Jean-Marc Roger

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