La majorité des émigrants vers le Rio de la Plata venaient du Pays Basque, du Béarn et de la Bigorre mais les régions voisines, Gers et Haute-Garonne ont aussi envoyé quelques jeunes gens « faire fortune » ou au moins avoir un avenir meilleur.
C’est de la Haute-Garonne, du canton de Saint Gaudens qu’est parti Michel Deu.
Michel Deu ou Deus en Argentine, est né dans le village de Payssous.
Payssous est une petite commune de moins de 100 habitants à 8 km de Saint Gaudens.
Michel Deu né le 6 avril 1819, est le troisième enfant de Bertrand Deu et de Jeannette Péne.
Ses parents se sont mariés en 1813 dans le village de Payssous qu’ils ne quitteront jamais. L’époux Bertrand Deu né en 1794, n’a que 19 ans ; il est le fils de Blaise Deu et de Jeanne Marie Allemane, cultivateurs, domiciliés à Payssous. L’épouse Jeannette Péne a 5 ans de plus, elle a vu le jour en 1789, fille de Jean Péne et de Bertrande Fages, cultivateurs dans le même village.
Les jeunes mariés s’installent chez les parents Deu ou Pène et la famille commence à s’agrandir :
- Blaise naît en 1814 mais il ne vivra que 8 mois ;
- Jean -Blaise en 1816 qui décède à 66 ans, célibataire ;
- Michel en 1819 qui émigre en Argentine ;
- Jeanne-Bertrande en 1821 qui décède dans l’année ;
- Jeanne-Marie en 1822 qui épouse Jean Pachère de Payssous ;
- Blasie en 1825 qui se marie aussi à Payssous avec Jean Monthieu ;
- Jeanne-Dominiquette en 1828 ;
- et Jeanne-Louise en 1833 ne quitte pas Payssous, épouse de Géraud Pachère.
Michel est le seul enfant qui a émigré, le seul qui a quitté le village sans jamais y revenir.
La mère Jeanette Pène est décédée en 1852 à 63 ans, quant à Bertrand il a vécu jusqu’à un âge très avancé pour l’époque. Il est mort en 1883 à 89 ans.
Le départ vers l’Argentine
Michel Deu a quitté Bordeaux le 4 avril 1843 en direction de Montevideo sur le navire l’Inca, il était accompagné de Joseph Deu de Payssous mais sans lien de parenté directe. Il y avait plusieurs familles Deu dans le village de Payssous.
Par son immatriculation au Consulat de Buenos Aires en 1844, on savait que Michel Deu est parti du port de Bordeaux sur le navire l’Inca mais sans date.
Pour son immatriculation en 1844 il est assisté de deux témoins : Sansat Jacques né en 1823 à Payssous et Latour Jacques de Franqueville.
De Payssous partirent plusieurs jeunes gens, les trois frères Sansat Pierre (1813) Jacques (1823) , Duboux Pierre (1822) vers l’Argentine et Deu Simon (1812) vers la Nouvelle Orléans.
Tous ces jeunes hommes sont forgerons et rémouleurs en même temps que cultivateurs.
A l’étranger, tous les jeunes d’un même village essayaient de se regrouper pour s’aider matériellement et psychologiquement.
La vie en Argentine
En 1849, Michel Deu devenu Miguel Deus est installé à Rosario dans le département de Sante Fé au nord de Buenos Aires.
En novembre 1849, il épouse Maria Cruz Soria, argentine, fille de feu Manuel Soria et de Ciprina Pereyra .
Il ne doit pas avoir de documents français puisqu’on ne donne pas le nom de ses parents ni son lieu de naissance, seulement région de Toulouse.

Très vite huit enfants voient le jout : Gil en 1850, Baldomera en 1852, Gertrudis en 1854, Miguel en 1856, Restituto en 1860, Lorenzo en 1861, Concepcion en 1864 et Juan Ubaldino en 1860.
Dans le recensement de 1895, il vit à Firmat qui est une partie de Rosario. Il habite avec sa fille Concepcion et déclare avoir 85 ans mais il n’en a que 76, ce qui est un bel âge pour cette époque. Miguel Deus est décédé à Firmat en 1896 à 77 ans.
Plusieurs de ses enfants ont une nombreuse descendance ; certains orthographient Deus, d’autres Deux ; mais dans le recensement de population du département de Santa Fe en 1895, son fils Restituto porte le patronyme DEU.
Ma correspondante, Claudia Deus arrière-petite-fille de Michel / Miguel Deu, sait qu’il eut un rôle important dans son nouveau domicile et un des fondateurs de Firmat.
A cette époque, les grandes plaines de la région de Santa Fe étaient sillonnées par des tribus d’Indiens semi-nomades. Les Indiens n’avaient aucun titre de propriété mais de façon coutumière ils vivaient et se nourrissaient en toute liberté.
Arriver à récupérer ces terres pour les cultiver, ce qui était le vœu du gouvernement argentin et la raison pour laquelle il y a eu cet afflux d’Européens, fut un combat difficile ; les premiers arrivants ont subi de nombreuses attaques et des enlèvements de femmes et d’enfants. Lorenzo Deu, fils de Michel, (voir la première photo ) a été enlevé à l’âge de huit ans, par les Indiens mapuches-ranqueles »
« Uno de sus hijos, Lorenzo Deus, fue cautivo por los indios mapuches-ranqueles, cuando tenía sólo 8 años. El hecho ocurrió en la estancia que tenía Miguel en el sur de la provincia de Santa Fe ; hoy la localidad de Firmat. »
« En Firmat no hay información precisa sobre él, ni aún en su acta de defunción, más allá de haber sido el primer poblador de la ciudad enterrado en ese cementerio. Les agradecería muchísimo que me orienten para saber donde buscar su historia en Francia. Estoy realizando esta búsqueda para el libro que estoy escribiendo de la familia. »
Memorias de Lorenzo Deux, cautivo de los Indios
« Lorenzo Deus, Universitaire en Histoire et Philosophie a écrit ses mémoires de captif des Indiens (un des derniers) pour une revue de l’Université de Cordoba.
Ce récit se trouve actuellement dans la « Bibioteca central de la Academia Nacional de Historia de Buenos Aires » mais malheureusement pas sur Internet.
Depuis le début de nos contacts, Claudia a trouvé bien d’autres renseignements et continue à faire revivre la vie de cet arrière-grand-père dont le nom et la date de naissance avaient été modifiés par le temps.
Avec l’aimable collaboration et les documents de Claudia Deux, argentine.