Loustaunau / Lautelnau Jacques

L’Hôpital-d’Orion

M. Lautelnau, fils présumé de Jacques Loustaunau

Toujours à la recherche de cet émigré béarnais Lautelnau dont l’histoire est racontée par Daniel Chatelain sur le site de Ritmacuba ; j’étais certaine que le nom avait été déformé Castelnau, Loustaunau ou autre.

https://www.ritmacuba.com/C.-Fragments-memoriels-sur-les-planteurs-francais-a-Cuba.html

Ayant trouvé une immatriculation de Castelnau Julien vivant à Songo la-Maya je croyais tenir l’ancêtre des Lautelnau vivant à Ramón de las Yaguas, lieu pas très éloigné de Songo la-Maya ; mais un détail me faisait douter : la tombe de l’émigré indiquait Santiago (Jacques) Lautelnau.

L’ancêtre des Lautelnau inhumé sous la pierre de la propriété « la Caridad « était Jacques Loustaunau né en 1869 à l’Hôpital d’Orion et dont le registre militaire signale son décès à Ramón de las Yaguas le 30 octobre 1913.

La famille Loustaunau de l’Hôpital-d’Orion

Jacques Loustaunau né le 18 avril 1869 à l’Hôpital d’Orion est le fils aîné de Pierre Loustaunau et de Jeanne Gain-Hittos.

Ce couple s’est marié le 6 juillet 1868 à l’Hôpital-d’Orion :

  • l’époux Pierre Loustaunau, 28 ans, laboureur, fils de Loustaunau Jean décédé en 1864 et de Marie Sansoulet-Roux décédée également en 1847 ;
  • l’épouse Jeanne Gain Hittos, 21ans, est la fille de Jean Gain Hittos, 58 ans et de Marie Serres, 58 ans domiciliés dans la commune d’Orion. Les deux époux signent.

Le couple s’installe dans la maison Loustaunau et la famille s’agrandit :

  • Jacques Loustaunau né le 18 avril 1869 émigre ;
  • Jean né le 26 janvier 1871 décède à 11 jours ;
  • Jean né le 23 mai 1872 émigre, puis revient en Béarn ;
  • Marie-Louise née le 22 mars 1876 décède en 1961 à Arthez de Béarn à 85 ans.

Puis c’est le drame presque commun, la jeune mère, Jeanne Gain Hittos, décède le 13 juillet 1877 à 30 ans en laissant trois très jeunes orphelins.

Le 4 novembre 1880, Pierre Loustaunau, maintenant âgé de 40 ans, se remarie avec Jeanne Lahalle âgée de 24 ans. Jeanne Lahalle est la fille de Jacques Lahalle, laboureur et de Labourdenne Jeanne, domiciliés à l’Hôpital d’Orion.

Une seconde fratrie voit le jour

  • Jean-Louis le 28 novembre 1881 qui décède en 1884 à 2 ans et demi ;
  • Laurentine le 21 juin 1884, épouse Léon Haget d’Arthez en 1912 ;
  • Jean-Louis le 21 mars 1887, tué au début de la guerre de 1914-18, le 22 septembre 1914, porté disparu à Saint-Rémy dans la Meuse ;
  • Pierre né le 19 janvier 1891 qui ne vit que 18 mois ;
  • Jeanne-Catherine née le 25 mai 1894 épouse Ernest Castagnet en 1920.

Sur neuf enfants, trois décèdent en bas âge, trois filles se marient dans la région, un fils est tué à la guerre de 14-18 et deux fils émigrent. C’est la dernière fille Catherine qui reste dans la maison Loustaunau avec son époux.

Le père de famille, Pierre Loustaunau décède le 21 mars 1927 à 87 ans dans la maison Thin dou Hau.

L’émigration des deux fils Jacques et Jean Loustaunau

Jacques Loustaunau est parti avant 1869 il était absent au conseil de révision, classé « insoumis »il sera amnistié en janvier 1901 cela lui permet de revenir en France.

Le 16 avril 1900, à la mairie de l’Hôpital d’Orion il reconnaît sa fille Marie-Louise Loustaunau née à Cuba le 24 décembre 1899 dont la mère est Silvine Ferrier. En 1905, il réside à Pau. 

Jacques Loustaunau décède à Ramon de las Yaguas le 30 octobre 1913, il n’avait même pas 44 ans.

 « https://earchives.le64.fr/archives-en-ligne/ark:/81221/r191916zzn6lfk/f1?context=militaire::46159 »

Jean Loutaunau acccomplit son service militaire de 1893 à 1896 ; en 1900 et 1908 il est à Santiago de Cuba puis à Ramón de las Yaguas ; en 1913 on le retrouve à la Nouvelle-Orléans. Puis la guerre éclate en France ; il est mobilisé bien qu’âgé de 42 ans mais il n’est certainement pas envoyé au front, démobilisé en 1919 il se retire à Montestrucq, village voisin de l’Hôpital-d’Orion.

« https://earchives.le64.fr/archives-en-ligne/ark:/81221/r165079zbqbdbk/f1?context=militaire::58823 »

De nombreux jeunes gens sont partis du canton de Sauveterre-de-Béarn et en particulier d’Orion ou l’Hôpital d’Orion car les fils des gros propriétaires de la région : Bégué, Magendie, Casamajor, Bénégui ont émigré à Cuba. Quand les Cubains avaient besoin d’une main d’œuvre sérieuse : mayorals etc., ils faisaient venir les fils de leurs métayers.

A Cuba les descendants de Jacques Loustaunau portent le nom de Lautelnau

Francisco Lautelnau fils en tenue de travail

En 1993, Daniel Chatelain, webmaster de Ritmacuba (cf lien au début du texte) a rencontré M. Lautelnau et son fils Francisco à Ramón de Las Yaguas,

L’accès au lieu est difficile, il faut un 4X4 pour atteindre la caféière (cafetal) la plus connue et la mieux conservée la Fraternidad.

La maison de maître de la Caridad des Lautelnau n’a pas résisté à un tremblement de terre, elle est remplacée par « une petite construction de planches surmontant les divers degrés de terrasses. »

L’intérieur est sommaire, des journaux doublent les planches, pas de vrais meubles hormis des couchages. Le fils du maître de maison offre un café en attendant l’arrivée de son père. Le voilà sur la première photo, droit sur sa monture et de fière allure malgré ses 82 ans.

M. Lautelnau père serait donc né en 1911, c’est le fils de Jacques Loustaunau et le frère de Marie-Louise Loustaunau née en 1899 reconnue en 1900 en France. Il n’avait que deux ans lorsque son père est décédé.

Mais ce père reste une idole :

« Au milieu d’une des petites ruines juxtaposées, un solide tombe de pierre taillée. Nous comprenons qu’il s’agit de son ancêtre venu de France, celui du chaudron, Jacques (ou Santiago pour le voisinage) Lautelnau, mort en 1912. La tombe est construite au milieu d’une ruine. Ce type d’enterrement dans la propriété était commun chez ces Français des montagnes cubaines. Notre hôte précise qu’il s’agit d’un des anciens baraquements des esclaves. Et que dans un de ces baraquements a grandi celle qui gagna sa liberté et devint la compagne de l’ancêtre Lautelnau et la mère de ses enfants. (en l’ocurrence Silvine Ferrier). Un type d’alliance que se permettaient certains des Français et les faisaient mal voir des bonnes familles espagnoles ».

Le chaudron venu de Bordeaux, le fameux chaudron gardé comme une relique est le symbole de l’enfance des émigrants béarnais, tous nourris des confits de canard et de porc cuisinés dans ces grands chaudrons en cuivre que l’on posait sur un trépied au-dessus du feu.

Cela me rappelle l’histoire que racontait une amie argentine : la presse de Buenos Aires annonçait l‘arrivée des bateaux, aussitôt sa bisaïeule courait au port espérant obtenir un pot de confit, pot en terre cuite où la viande se conservait couverte de graisse de canard ou de porc. Ce confit se cuisine en hiver en France et arrivait donc en plein été à Buenos Aires ; il fallait vite tout manger car le réfrigérateur n’existait pas et toute la graisse fondait.

Le confit du chaudron ne supportait pas la chaleur de Buenos Aires alors imaginons à Cuba !

M. Lautelnau était le père de sept enfants, assurément nous retrouverions des descendants si les recensements cubains étaient en ligne. Un jour viendra !

Sources : Archives des Pyrénées-Atlantiques

Site de Daniel Chatelain Ritmacuba

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