« Du deux mai mil huit cent cinquante-neuf à trois heures du soir.

Acte de naissance de naissance d’Héloïse, née le quatre avril dernier à sept heures du matin à bord du vapeur Paraguay en Salto de Guayra pendant la traversée de Buenos Aires à l’Assomption, fille de Dumé Dominique, marchand tailleur demeurant à l’Assomption capitale du Paraguay, résidant précédemment en France à Bordes, canton de Tournay, département des Hautes Pyrénées et de Laroudé Jeanne sa légitime épouse… »

Extrait des registres de la Chancellerie du Consulat de France à l’Assomption (Paraguay)

Qui est Dominique Dumé ?

Dominique Dumé est né à Bordes dans les Hautes-Pyrénées, le 25 décembre 1818, c’est le fils Jean Dumé, surnommé Douélayre, et de Jeanne Pérès. 

Le 18 septembre 1841, Dominique Dume rejoint le port de Bordeaux pour s’embarquer sur le navire « La jeune Gabrielle » en direction de Montevideo, il a 22 ans. Il fait partie d’un groupe de jeunes gens tous munis d’un passeport établi par le Préfet des Hautes-Pyrénées.

Dans l’année 1842, il s’inscrit au Consulat de Montevideo avec la profession de laboureur.

Le 16 mai 1845, Dominique Dumé est en Argentine, il demande son immatriculation au Consulat de Buenos Aires. C’est un jeune homme brun, célibataire, tailleur d’habits de profession ; il signe « Dumé ».

Lors de son séjour à Montevideo, Dominique a appris le métier de tailleur d’habits. C’est un métier très lucratif. La France était le pays de la mode, les vêtements, les chaussures et les chapeaux baptisés tous « Articles de Paris » dès qu’ils étaient confectionnés par un Français étaient très recherchés par la clientèle bourgeoise de Buenos Aires.

Le 3 août 1846 dans l’église Nuestra Señora de la Merced, dans le Quartier San Nicolás de Buenos Aires, Dominique devenu Domingo Dumé épouse Juana Larrudé, fille de Juan et Marie Larrudé.

Trois enfants naissent :

• Félix en 1852 ;
• Ana Justina baptisée le 3 septembre1853 à Buenos Aires ;
• et Héloïse le 4 avril 1859 à bord d’un vapeur rejoignant le Paraguay.

En 1859, Dominique tient un commerce de marchand tailleur dans la capitale du Paraguay, il se déplace avec sa famille entre Buenos Aires et l’Assomption où sa famille réside ?

Pour la descendance ce commerce au Paraguay est une énigme, pourquoi pas à Buenos Aires ?

En 1855-1856, le Paraguay décide de s’ouvrir au monde extérieur et attirer des médecins, des ingénieurs mais aussi des agriculteurs. 400 émigrants dont un quart venait des Hautes-Pyrénées vont fonder la colonie La Nueva Burdeos sur les rives du fleuve Paraguay, à une vingtaine de kilomètres de l’Assomption. Ce fut un échec.

Dominique Dumé avait-t-il vu dans cette ouverture du Paraguay, une chance de développer son commerce ?

Le 13 février 1861, Dominique décède à l’Assomption, il n’a que 41 ans.

Que devient la famille Dumé ?

Jeanne Larroudé reste avec ses trois enfants mais le commerce continue. Elle n’est pas tout à fait seule, trois de ses frères ont émigré à Buenos Aires, le dernier Jean Larroudé a fait son apprentissage de tailleur avec Dominique Dumé son beau-frère, peut-être gérait-il un commerce à Buenos Aires ?

Les enfants de Dominique Dumé et Jeanne Larroudé.

Félix né en 1852 se marie en 1876 dans la paroisse de San Miguel Arcángel de Buenos Aires, il a 24 ans, français bien qu’il soit né en Argentine, il épouse María Lacassie, française, de 21 ans, fille de Juan Lacassie et Maria Medarré ?

Le témoin est Juan Laroudé, 45 ans, l’oncle présent sur la photo et Teresa Lacassie, sœur de l’épouse.

De Ana Justina On ne sait rien

Eloisa née en 1859a fondé une famille dont descend ma correspondante Maria Gabriela de Brito Sanchez.

Encore une surprise de la généalogie, un premier mariage et un veuvage de Eloisa dont Marie Gabriela n’avait jamais entendu parler mais que révèlent les actes.

« Le 27 octobre1875 à San Miguel Arcángel, San Nicolás de Buenos Aires.

Don Emilio Alfaro, natural de Montevideo hijo legitimo de Tomás y Gertrudis Freire quiere contraer matrimonio con Doña Eloisa Dumé, natural del pais de 17 años hija legitima de Domingo y de Juana Larroudé »

Ce mariage n’a duré que treize ans et sans descendance connue puisque :

« El 12 de noviembre de 1888 à Lomas de Zamora, Buenos Aires, fallecio de tuberculosis Emilio Alfaro de 36 años casado con Eloisa Dumé.»

En 1893, Eloisa a épousé José de Brito Sanchez d’origine portugaise, né en 1866 ; de cette union descendent quatre enfants :

• Oscar Antonio de Brito Sanchez (1894-1947)
• Jose Luis de Brito Sanchez (1895-1961)
• Maria Ester de Brito Sanchez (1898-1967)
• Ernesto Diego de Brito Sanchez (1899-1980) grand-père de Gabriela.

Eloisa est décédée en 1913, à 54 ans.

« El 26 de diciembre de 1913 en la Capital de la Republica Argentina, fallecio Eloisa Dumé de cancer del estomago…hija de Domigo Dumé y Juana Larrude fallecidos, viuda de Jose de Brito Sanchez… » 

Ascendance française de Dominique Dumé

A Sainte-Croix-Volvestre dans l’Ariège, un petit village entre Saint-Girons et Foix vivait le couple d’agriculteurs Joseph Dumé né vers 1736 et Anne Munéro, tous deux nés et morts à Sainte-Croix-Volvestre.

(A) François (1788-1860) et(B) Jean (1799-1865) deux de leurs fils quittent l’Ariège pour les Hautes-Pyrénées et s’installent dans le village de Bordes en Bigorre ; 600 habitants en 1800, 700 actuellement car ce n’est pas loin de Tarbes.

(A) François devient cultivateur et épouse Anne Claverie en 1816 dont il a 4 enfants : Jeanne Marie en 1817, Thérèse en 1819, Charles en 1822, Françoise en 1825 et Berrnard en 1828. Les enfants restent en Bigorre mais des petits-enfants émigrent à Buenos Aires

(B) Jean est merrandier* et aubergiste et sera surnommé Jean Dumé dit Douélayre . En patois local les douélles sont les barriques, le douélayre est le fabricant de barriques, l’aubergiste et le marchand de vins, Jean devait s’adonner aux trois professions dans le village rural.

Il épouse Jeanne Pérès dont il a deux fils, François en 1815 et Dominique en 1818

(B1) François Dumé né en 1815 retourne vers l’agriculture comme ses grands-parents ; en 1838, il épouse Jeanne Dubarry, dont il a sept enfants puis veuf Marie Sentupery dont il a un seul fils.

Sur les 8 enfants de François, 5 émigrent à Paraná ou Rosario dans la Province de Entre Rios en Argentine ; ce sont les neveux de Dominique.

(B2) Dominique né en 1818 qui émigre. Il est le premier à rejoindre l’Argentine après son passage à Montevideo.

*Un merrandier, c’est un homme avec un œil infaillible pour bien lire le fil du bois, fendre le billon en quartiers, éliminer le cœur, l’aubier et l’écorce pour extraire du bois du merrain de droit-fil. L’assurance d’une barrique étanche. Wikipédia

Avec l’aimable collaboration et les photos de Maria Gabriela de Brito Sanchez, Argentine, chercheuse en neurosciences à l’Université de Jussieu, Paris.

Récapitulatif

• Joseph Dumé et Anne Munéro à Sainte-Marie-Volvestre en Ariège.
• Jean Dumé dit Douélayre et Jeanne Pérès à Bordes dans les Hautes-Pyrénées.
• Domingo Dumé et Juana Larrudé à Buenos Aires, Argentina
• José de Brito Sanchez y Eloisa Dumé
• Ernesto Diego de Brito Sanchez y Noemi Capello, les grands-parents de María Gabriela.