Labiste Pierre / Dujol Marie

Arancou / Bergouey-Viellenave

Pierre Labiste et Marie Dujol ne devaient pas se connaître avant leur émigration car ils avaient une dizaine d’années d’écart d’âge et pourtant ils étaient pratiquement nés dans le même village.

Abuela Mariana con su nieta Cecilia al cumple de sus 15

Arancou et Bergouey-Viellenave ont été réunis dans une même commune pendant quelques années puis Arancou a repris son autonomie en 1977. Ces deux communes font partie du canton de Bidache.

Bidache un beau village avec sa rue principale bordée de maisons typiquement basques et les restes de son imposant château des comtes de Gramont, nobles gascons.

Pierre Labiste et Marie Dujol se sont mariés le 3 mars 1885 en Argentine à San Miguel del Monte dans la provincia de Buenos Aires à environ 100 km de la capitale.

Pierre Labiste est né le 18 juillet 1848, à Arancou dans la maison Duc, c’est le dernier enfant de Pierre Labiste, laboureur, et de Jeanne Pébé.

Marie Dujol a vu le jour à Bergouey-Viellenave dans la maison Lacabane, le 3 décembre 1857, Marie est la troisième fille de Pierre Dujol, cordonnier et de Anne Castérés.

La famille Labiste

Ce sont des laboureurs de père en fils, n’ayant pas de propriétés ils se déplacent comme métayers vivant sur des terres louées. A la fin de leur vie, les parents de Pierre Labiste avaient réussi à devenir propriétaires de la maison Larraillet d’Arancou.

Pierre Labiste et Jeanne Pébé se sont mariés à Castagnède, domicile de Jeanne Pébé, le 16 février 1841.

L’époux Pierre Labiste a 30 ans, il est laboureur, domicilié à Arrive dans le canton de Sauveterre mais né à Aspis, il est le fils de feu Pierre Labiste décédé dans la paroisse de Usquain en 1837 et de Marie Mailhos.

L’épouse Jeanne Pébé, domiciliée à Castagnède mais née à Arancou en 1819, soit âgée de 22 ans est la fille de Jean Pébé et Marie Hustaix, laboureurs à Arancou.

En 1842, ils ont un fils Jean Labiste à Ste Gladie, puis Marie en 1843, en 1846 naît une autre Marie à Osserain et enfin Pierre en 1848 à Arancou où ils s’installent définitivement et où leur fils aîné Jean prend la suite et fonde une famille en épousant Anne Suberbordes en 1875.

Deux enfants émigreront en Argentine : Marie née en 1846 et Pierre de deux ans son cadet.

Bidache

Du couple Jean Labiste et Anne Suberbordes naissent 4 enfants :

Séverin né en 1875 tué en novembre 1914 quelques mois après le début de la première guerre mondiale ; Jean-Baptiste né en 1879 et Jean Louis en 1881 sont aussi appelés au front bien que Jean-Baptiste soient père de 3 enfants et enfin Anne voit le jour en 1886.

C’est Anne Labiste que l’on retrouve à Buenos Aires, femme de chambre dans un hôtel de la capitale ; Anne fait des demandes de passeports en 1927 et en 1936 à respectivement 40 et 50 ans. Est-ce pour revenir à Arancou ?

La famille Dujol

Sur trois générations les Dujol sont des cordonniers. Jusqu’au XIXème siècle, le cordonnier était un homme important dans le village, il ne se chargeait pas seulement de réparer mais il confectionnait les chaussures à partir du cuir des animaux, c’était un des artisans les plus aisés économiquement.

Pierre Dujol et Anne Castérés se sont mariés à Arancou le 2 juin 1853.

L’époux Pierre Dujol a 39 ans, il est cordonnier fils de Pierre Dujol décédé à Bergouey en 1847 et de Marie Prebendé aussi décédée à Bergouey en 1841. Pierre Dujol est donc majeur comme il n’a plus ni père ni mère il doit faire « un acte respectueux » auprès de son aïeul pour demander l’autorisation de se marier. Cette demande est faite et enregistrée chez le Notaire de Bardos. Le grand-père Pierre Dujol, cordonnier, 93 ans, autorise son petit-fils et meurt en 1854 à 94 ans.

Remarque : ils sont tous cordonniers et ont tous le même prénom Pierre.

L’épouse Anne Castérés, 25 ans, née et domiciliée à Arancou est fille de Pierre Castérés et de Catherine Bruché, cultivateurs.

Ils auront quatre enfants :

  • Pierre né à Arancou en 1851, reconnu par son père et déclaré à la fin de leur acte de mariage en 1853 ;
  • Catherine née en 1854 qui épouse Dominique Bidart d’Arraute Charritte en 1887 ;
  • Marie en 1857 qui émigre en Argentine, c’est l’arrière-grand-mère de ma correspondante 
  • et enfin Pierre né en 1863, qui fonde un foyer à Came.

En 1885, on retrouve le corps de Pierre Dujol à la Barre (estuaire) de l’Adour à Tarnos, port de Bayonne. Il a disparu de Bergouey depuis douze jours, on peut penser à un accident mais la noyade était aussi le moyen de dire adieu à un monde où l’on se sentait malheureux et inutile.

La fin du XIX ème siècle a vu arriver les grandes manufactures de chaussures et les artisans ont perdu tout travail. La fin de cet artisanat fut un drame pour certains villages comme Hasparren au Pays basque et Pontacq en Béarn mais ce fut aussi un drame pour ne nombreux cordonniers, selliers tanneurs etc… Pierre n’était plus cordonnier il était devenu laboureur, assurément par manque de travail

Anne Castérés vivra quinze années supplémentaires toujours à Bergouey où elle décède en 1900 à 78 ans.

Le départ vers L’Argentine

Pierre Labiste n’apparaît pas dans les insoumis ; il a dû faire son service militaire mais le 3 mars 1876 il demande son immatriculation au Consulat de Buenos Aires. Quand et d’où est-il parti ? Aucune mention là-dessus : entre 1868 et 1875 a eu lieu la guerre napoléonienne de 1870, émigrer n’était pas autorisé mais Bergouey est près des Pyrénées qui ne sont pas un obstacle pour les gens du Pays ; ils rejoignaient le port espagnol de Pasajes et s’embarquaient, même sans papiers, vers le Rio de la Plata.

Pierre Labiste a un passeport, il mesure 1.70 m, cheveux châtains, yeux marrons ; il ne signe pas le document.

De Marie Labiste, rien sur son départ.

Marie Dujol est arrivée à Buenos Aires seule le 31 janvier 1883, elle venait de Bordeaux à bord du navire Equateur. Elle était célibataire, est-elle venue pour épouser Pierre Labiste,c’est peu semblable car ils ne se sont mariés qu’en 1885.

Ce qui est certain tous les Français des mêmes villages se retrouvaient.

Le parrain de Mariana, la seconde fille est Pierre Merbilha natif aussi de Bergouey, la marraine est Mariana (Marie née en 1846) la sœur de Pierre Labiste.

La vie en Argentine

Ce sont les recensements qui nous donnent le plus de renseignements.

En 1895, la famille Labiste vit à General Belgrano dans la provincia de Buenos Aires.

Labiste Pierre a 47 ans, français, « hacendado » exploitant agricole

Dullol (Dujol) Maria a 37 ans, française, elle est mariée depuis dix ans et est mère de cinq enfants.

  • Bernardo 8 ans
  • Mariana 7 ans c’est la grand-mère de ma correspondante
  • Carolina 6 ans
  • Pedro 2 ans
  • Jean des mois

Maintenant je vais laisser la parole à Cecilia qui écrit très bien le français

« Le recensement de 1895 fournit des données sur la famille. Personnellement je corrigeais les index sur la plateforme « family search » (pas encore fini) car les patronymes s’affichent mal (Lavista, Laviste, Duyoll…etc etc)

Le recensement suivant, année 1914 je crois, les registres ne sont pas disponibles sur le web.

Des six enfants Labiste & Dujol, 

  • Bernardo, né le 14-02-1887
  • Mariana, née le 13-06-1888
  • Carolina, ca 1889
  • Pedro, né le 26-11-1892
  • Rosa, née le 17-07-1896
  • Juan Bautista, né le 24-06-1896
  • Enrique né le 02-09-1898
Mariana y Enrique Labiste en General Belgrano.

Nous n’avons pas eu de contact direct avec la famille car nous habitons à Buenos Aires et la famille Labiste & Dujol à General Belgrano (à 160 km de la capitale). En raison du travail de mon père, il avait une boulangerie-confiserie, nous ne quittions la ville que pour les vacances.

Quand j’étais très petite, je me souviens d’avoir voyagé à General Belgrano et je me souviens particulièrement d’Enrique. Je vais essayer d’avoir plus d’informations.

Lorsque Mariana a épousé Matias Lopez, ils ont vécu dans une autre ville de la province de Buenos Aires et se sont ensuite installés dans la ville de Buenos Aires. 

Ils eurent quatre enfants : Matias Angel, Ismael, Alcides Julio (mon père) y Maria Angelica. »

Le couple Fourcade Bernard et Marie Labiste

En 1869, Bernard Fourcade s’est embarqué du port de Bordeaux sur le navire Pacific. C’est un jeune homme de 28 ans, blond, 1.66 m, muni d’un passeport ; il est natif de Barraute-Camu dans le canton de Sauveterre, fils de Jean Fourcade, laboureur et de Marie Cazenave.

Grâce à Cecilia qui a trouvé la famille dans le recensement national de 1895, on a quelques renseignements sur Marie Labiste, la sœur de Pierre, la marraine de Mariana.

Le couple vit à Mar Chiquita, (nom d’une lagune) au sud-est de la capitale à mi-chemin entre Buenos Aires et Mar de Plata ; maintenant c’est devenu une station balnéaire.

Fourcade Bernardo, 54 ans, français, « criador » éleveur de bétail, sait lire et écrire.

Labiste Maria, 48 ans, française,12 enfants en 21 de mariage.

Pedro 18 ans ; Arnat 15 ans ; Mariano 11 ans ; Emilio 9 ans ; Marcelino 7 ans ; Luís 5 ans.

Ce sont les 6 derniers.

Les familles Labiste, Fourcade et Merbilha se fréquentaient, ils seront parrain et marraine de plusieurs enfants. Pierre Merbila était aussi natif de Bergouey, c’était le parrain de Mariana.

Les familles et les villages se recréaient donc en Argentine où les anciens devaient parler le béarnais ou gascon leur langue maternelle !

Avec l’aimable collaboration de Cecilia Lopez, argentine

Une réflexion sur « Labiste Pierre / Dujol Marie »

  1. Cecilia Lopez

    Je voudrais remercier infiniment à Christiane pour tout le travail qu’elle a réalisé. Avec générosité, elle a « tissé » l’histoire de mes ancêtres provenant des Pyrénées-Atlantiques. De ma part, je disposais de peu d’informations et certains documents et Christiane a rapidement pu obtenir des informations si précieuses qu’elle partage à travers ce récit émouvant. Merci!

    Deseo agradecer infintamente a Christiane por todo el trabajo realizado. Con generosidad, ha « tejido » las historia de mis antepasados provenientes de los Pirineos-Atlánticos. Por mi parte, disponia algo de informacion y algunos documentos, Christian rapidamente obtuvo datos muy valiosos compartidos en este relato emotivo. Gracias!

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