Berducq Martin / Roucau Henry

Sainte Suzanne

Cet écusson est l’emblème d’un parc de la Province d’Entre Rios en Argentine. Il porte le nom de Berduc qui s’écrivait Berducq en Béarn.

Voici l’histoire d’un émigré béarnais dont un des fils a été ministre des Finances en Argentine. Merci à Martin Berducq d’avoir fait rayonner un nom béarnais de l’autre côté de l’Atlantique !

Martin Berducq est né à Sainte Suzanne village voisin d’Orthez le 31 octobre 1820. C’est le 4ème enfant d’une fratrie de 7.

Ses parents Jean Berducq dit Beloing et Suzanne Campagne se marient en 1811 à la mairie de Ste Suzanne. L’époux a 26 ans il est charpentier, fils de Pierre Berducq et de Jeanne Beloing ; l’épouse est couturière, elle est âgée de 21 ans, fille de feu Jean Campagne et de Marie Lassalle dit Simon. Le couple s’installe dans la maison Beloing et les enfants arrivent : Joseph en 1813, Catherine en 1816, Jeanne en 1819, Martin en 1820, Jean en 1822, Jeanne en 1824 et Anne en 1826.

Jean Berducq décède en 1863 à 73 ans, il est déjà veuf mais il occupe toujours la maison Beloing. A cette époque plusieurs générations partageaient le même toit.

 

Le départ

Renseignements trouvés dans www.visasenbordelais.fr

Le 8 septembre 1842, Martin est à Bordeaux, il demande un visa pour s’embarquer vers Montevideo. Il part sur le navire Emile

« C’était un 3 mâts de 255 tonneaux, commandé par le capitaine Gallet, secondé par 15 hommes d’équipage. Il battait pavillon français, son port d’attache était Bordeaux. Son armateur était Ginouilhac & Valéry. Le courtier à Bordeaux était Delmestre. »

Quelques jeunes gens du département voyagent dans le même navire : Mouledous Jean de Cambo, Rivière Marcellin des Aldudes, Loth Lucien de Lacarre, Joseph François de Mendibieu, Lacomme Pierre de Larressore, Vidailhet Benoît de Bizanos …tous âgés de 19 à 22 ans et tous partant pour Montevideo.

 

En Amérique du Sud

Martin s’immatricule à l’ambassade de Montevideo dès son arrivée le 12 décembre 1842 avec la profession de charpentier.

Mais il ne restera que quelques années en Uruguay puisqu’en 1852 il se marie à Paraná dans la province d’Entre Ríos en Argentine au nord-est de l’Argentine

Le 4 novembre 1852, il épouse une descendante de Français : Jacinta Roucau, fille de Henry Roucau et de Catalina Boyé.

Lors du premier recensement de 1869 la famille vit à Paraná :

  • Martin Berduc 49 ans, nationalité française, charpentier, sait lire et écrire
  • Jacinta Roucau 35 ans, nationalité française, femme au foyer, lit et écrit
  • Luisa Berduc, 16 ans, célibataire, nationalité argentine, lit et écrit
  • Enrique Berduc, 14 ans, Juan Berduc 11 ans, Zelmira Berduc, 9 ans
  • Alejandro Berduc 7 ans et Martin Berduc 5 ans tous de nationalité argentine puis vient Maria en 1870.

Martin Berducq fut un commerçant très connu de la Province d’Entre Rios, il possédait une importante entreprise de charpentes ainsi qu’une fabrique de toutes sortes de voitures attelées : diligences, charrettes, calèches, berlines, cabriolets.

Mais cet homme qui quitta le Béarn en sachant seulement signer sentit l’importance de l’instruction et il œuvra pour l’implantation d’écoles dans la Province Il fit partie des initiateurs de la « Sociedad Protectora de la Enseñanza ». Martin Berduc eut une très grande activité sociale et participa à la création de nombreuses associations d’intérêt public.

En 1861, il adhère à deux loges masoniques dont il assurera la présidence à deux reprises et où il atteindra le très rare degré 18.

En 1867, il est membre d’une association pour la création d’un lycée secondaire et enfin il est le fondateur et le président de la Sociedad Francesa de Socorros Mutuos (une Mutuelle de Protection sociale).

Toutes ses activités lui font côtoyer des personnalités importantes et il devient un ami personnel du Gouverneur Justo José de Urquiza.

Quel chemin prestigieux pour ce jeune Béarnais parti de son petit village de Sainte Suzanne !!!

 

Enrique Berduc

« Tel père, tel fils » dit le proverbe

Le nom Berduc sera surtout connu dans la Province d’Entre Rios grâce au fils de Martin : Enrique Berduc Roucau.

Enrique Berduc Roucau est né en 1855 à Paraná, avec une formation d’avocat il se tourne vers la politique jusqu’à devenir Ministre des Finances sous la Présidence du Gouverneur Julio Argentino Roca.

Il a commencé sa carrière comme journaliste à « El Demócrata », journal dela région puis à « La Nation » journal national tout en étudiant dans le domaine des finances privées et publiques. En 1889, il est intendente (maire) de la ville de Paraná et en 1892 il est élu député national et ministre des Finances ; en 1907 il est directeur la Banque de la Nation Argentine.

Il décède en 1928 après avoir légué à la ville de Parana un terrain qui deviendra le « parque deportivo escolar Enrique Berduc » et à la Provinced’ Entre Rios un terrain de 600 ha qui deviendra le « parque escolar rural Enrique Berduc ». Une station du Chemin de fer située à 6 km de Parana porte aussi le nom « Apeadero Enrique Berduc ».

 

La famille Roucau

C’est la famille de Jacinta, l’épouse de Martin Berduc.

On retrouve Henry Roucau dans les registres d’immatriculations du Consulat de Montevideo. Henry s’inscrit le 11 juillet 1841 avec seulement son acte de naissance, sans passeport, ce qui laisse à penser qu’il s’est embarqué en Espagne, certainement Pasajes. De profession laboureur il dit être né à Tarbes en 1810 mais il doit être natif d’un village voisin car on ne le trouve pas sur les registres d’Etat Civil. Il était courant que les émigrés donnent le nom du chef-lieu du canton à la place de leur village.

Par contre dans les registres de Montevideo il est marqué qu’il est venu accompagné de sa femme Catherine et de sa fille Jacinta ; un second enfant naît en Uruguay en 1846 c’est Luís Francisco.

Ils émigrent à Paraná en Argentine vers 1851.

En Argentine, Henry Roucau monte différents commerces : un atelier de tailleur d’habits, un hôtel puis un restaurant de cuisine française connu sous le nom de « Madame Roucau ». Il devait évidemment s’agir de cuisine du sud-ouest !

 

Luís Francisco Roucau

C’est par lui que le nom Roucau reste célèbre en Argentine.

En 1872, quand il épouse Gregoria Irigoyen Barrios il enseigne à l’Ecole Normale des Professeurs de Paraná tout en collaborant au journal « El Obrero Nacional » (l’ouvrier national) où il est journaliste puis rédacteur en chef associé à José Hernández, auteur du célèbre Martín Fierro, le livre culte de l’Argentine.

Dans leurs articles, tous deux défendent l’autonomie de la Province d’Entre Rios et la résistance contre la politique du Président Sarmiento.

Dans son œuvre « el Martin Fierro » Hernández développe les mêmes idées qui paraissent subversives, il doit s’exiler au Brésil mais on ne sait pas quel fut le destin de son associé Luís Francisco Roucau obligé de s’échapper en laissant son épouse et ses jeunes enfants à Paraná.

 

Martin Fierro

Ce livre est un poème qui raconte la vie du gaucho Martin Fierro victime de l’injustice sociale.

L’homme est un travailleur honnête que l’injustice pousse à devenir un hors-la-loi. C’est une protestation contre la politique du Président Sarmiento qui recrute de force des gauchos pour aller défendre les frontières intérieures contre les Indiens.

Cette œuvre en 2 tomes est considérée comme le livre national de l’Argentine.

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