(Une recherche faite par Agustín Eduardo Wieckiewicz, argentin)
Cette fois-ci ce ne sont pas des descendants qui recherchent leurs racines mais un passionné de vieilles sépultures qui étudie l’histoire de sa ville.
Agustín Eduardo Wieckiewicz fait des recherches sur le cimetière de Avellaneda à Buenos Aires. Avellaneda antérieurement appelé Barracas al Sur était la commune où on regroupait les nouveaux émigrants venant d’Europe. C’est une ville portuaire de la province de Buenos Aires, reliée à la capitale par plusieurs ponts sur le río Riachuelo.
L’abondance de main d’œuvre et la situation géographique ont contribué à l’installation de plusieurs industries : raffineries de pétrole, usines métallurgiques, transformation de produits alimentaires … Il y avait du travail c’est ce que cherchaient nos émigrants !
Agustín Eduardo a été fasciné par une tombe, la plus ancienne, elle a été transférée en 1876 du vieux cimetière sur l’emplacement duquel a été édifié l’Hopital Fioritoa. Sur la pierre est gravé l’épitaphe :
« Aqui yacen los restos mortales de Catalina Apat, que fallecio el 30 de julio de 1867 a la edad de 45 años »
Agustín Eduardo a voulu savoir qui était cette jeune femme Catalina décédée à 45 ans et dont les restes reposent loin de sa patrie. Catalina Apat née Dornaletch ou Dornaletx (en basque) est née à Hasparren, un canton basque des Pyrénées Atlantiques. Elle est la fille de Martin Dornaletch, cordonnier, et de Marie Camblon ; elle a plusieurs frères et sœurs.
A travers le décès de Catherine, nous essaierons de retracer le chemin des Aphat et des Dornaletch émigrés en Argentine.
En 1845 Jean Aphat, 25 ans, cordonnier, épouse Catherine Dornaletch, 23 ans. Jean est déjà veuf, très jeune à 22 ans, il avait épousé Catherine Hitta d’Irissary mais celle-ci est décédée l’année suivante certainement lors d’un accouchement. Pas d’enfant déclaré.
Jean Aphat né en 1819 est le fils de Jean Aphat, cordonnier, et de Marie Vergès, ils habitent la maison Dourrougnarena où ils sont métayers et cordonniers.
Catherine Dornaletch, née en 1821, est la fille d’Arnaud, maître de la maison Charrasquiteguy et de Marie Camblonc.
La famille Aphat a 3 enfants Jeanne née en 1812, Marie en 1814 et Jean en 1819.
La famille Dornalech a 4 enfants Pierre en 1814, Jean né en 1815, Marie en 1818 et Catherine en 1821.
Ces deux familles seront liées par plusieurs alliances et leurs enfants émigreront.
Les deux mariages
En 1844, Bernard Ainçuberro, 20 ans, d’Armendaritz fils de Pierre Ainçuberro, charpentier et de Jeanne Gélos épouse Marie Aphat, 33 ans, veuve de Bernard Lafitte, fille de Jean Aphat et de Marie Vergès. Ils auront un fils en 1845 à Hasparren et une fille en 1848.
En 1845, aura lieu le mariage de Jean Aphat et de Catherine Dornaletch, Ce couple n’aura pas d’enfants à Hasparren.
Le déclin de l’artisanat
Hasparren gros bourg rural est majoritairement peuplé d’agriculteurs éleveurs de moutons qui paissent dans les collines environnantes. Ces troupeaux, en plus de la viande et du lait, fournissent de la laine et du cuir. De nombreux artisans tisserands, tanneurs et cordonniers vivent dans le bourg dans des maisons entourées d’une basse-cour et d’un jardin où poussent les plantes vivrières. L’arrivée des machines qui annoncent le développement de l’industrie enlève le travail a de nombreux artisans ; les vieux restent mais les jeunes n’ont plus d’avenir et émigrent. On retrouve de nombreux tanneurs d’Hasparren à Cuba.
Le départ vers l’Argentine
Marianne Aphat et Bernard Ainçaberro
Grâce aux registres d’immatriculations on sait que Bernard Aibçuberro et Marie Aphat ont pris le bateau « la Perle » à Pasajes en 1855, direction Buenos Aires. Ce couple s’immatricule en 1867, seul le fils Pedro donne sa profession, il est saleur dans une conserverie. Ce couple vit aussi à Avellaneda où Maria Aphat, épouse Ainçaberro, décède en 1892 à 80 ans ; Bernard Ainçaberro, plus jeune, est toujours en vie.
Pedro leurs fils né à Hasparren se marie en 1869 avec Marianne Garat, fille de Jean Garat et Gracianne Iriarte. Le pays basque se reconstitue à Avellaneda et des accents d’euskara résonnent dans certains quartiers.
Jean Aphat et Catherine Dornalech
Ilspartent aussi pour Buenos Aires, ils n’ont pas eu d’enfants à Hasparren. On ne les trouve pas sur les recensements de 1859 ; mon correspondant Agustín Eduardo relève le nom de Jean Aphat sur le navire « La Juanita » parti de Bayonne et arrivé à Buenos Aires en 1861. Aucune trace de Catherine Dornaletch soit qu’elle n’est pas partie en même temps que son mari, soit qu’on ne mentionnait que le nom de l’époux. C’est aussi en 1861 que naît leur fille Marianne à Avellaneda. Le père Jean appellé Bautista a 41 ans, Catherine 39. Le parrain est Martin Dornaletch, frère aîné de Catherine, la marraine Marie Aphat sœur du père.
C‘est cette Catherine, Catalina, qui repose dans la plus ancienne tombe du cimetière d’Avellaneda.
Elle est décédée en 1867 à 45 ans, sa fille n’avait que 8 ans si elle vivait encore.
Juan Bautista Aphat se remarie en 1869 avec Maria Martirène, l’époux a 49 ans, l’épouse 26 ans, elle vient aussi du Pays basque, fille de Juan Martirene et de Graciana Campisteguy.
Ce couple aura de nombreux enfants. La famille a quitté Avellaneda pour Dolorès où Juan décède en 1886 à 67ans, il exerçait la profession de « lavadero ». En 1895, sa veuve Maria Martirene vit toujours à Dolores, provincia de Buenos Aires avec 3 enfants : Mariana 22 ans, modista ; Bernard 21 ans, comercio et Graciana 19 ans.
Martin Dornalech et Marie Harriet
Le troisième couple de ces familles serait Martin Dornaletch marié avec Marie Harriet
En 1861, Martin fut le parrain de Marianne Aphat la fille de Catherine.
En 1874, à Barracas al norte , on trouve le décès de sa veuve Maria Harriet agée de 65 ans.
Martin et Pierre, les deux frères de Catherine Dornaletch sont les premiers à avoir quitté Hasparren pour l’Uruguay : Martin est immatriculé à Montevideo en 1839, il avait 25 ans mais en 1861 il vivait en Argentine.
Un petit coin d’Hasparren réimplanté dans la Provincia de Buenos Aires …
Je laisse la parole à Agustín Eduardo Wieckiewicz
No tengo palabras para agradecer la celeridad de su respuesta!!!, el dato que me aporta es de gran importancia.
Mi investigacion no es por razones familiares sino para arrojar algo de luz sobre quien fue Catalina Dornaletche de Apat. Antes de comenzar mis averiguaciones solo se sabia lo que decia su epitafio, que fallecio el 30 de julio de 1867 a la edad de 45 años.
Su tumba es más antigua que el cementerio de Avellaneda (que comenzo a funcionar en 1876), de hecho es un traslado del Cementerio Viejo que funcionó donde hoy se encuentra el Hospital Fiorito. Esto la convierte en el único resto material de dicho solar, de gran relevancia historica para nuestro municipio.
Por ahora pude extraer varios datos para reconstruir su vida:
Actas de nacimiento de sus padres, hermanos y de ella (todos de Hasparren, de la maison Charrasguiteguy)
Plano catastral del lugar donde vivio sus primeros años (maison Charrasguiteguy)
Actas de nacimiento de su futuro esposo, Jean Aphat y varios integrantes de esa familia (tambien de Hasparren)
Acta de matrimonio (todavía habitando Hasparren)
Actas de bautismo y defuncion de su primera y única hija (ya viviendo en Argentina. No hay registros de hijos de la pareja en Hasparren ni en zonas aledañas)
Su acta de defuncion que corrobora los datos del epitafio
Actas e informacion de las ocupaciones de varias personas relacionadas con su entorno (la mayoría zapateros, oficio que adquirieron en Hasparren y que entro en crisis en la decada de 1850, lo que explicaría la emigracion)
El documento que usted me envió por correo esta relacionado con la hermana mayor de Jean Aphat, Marianne; casada con Bernardo Ansuberre y con un hijo, Pierre; y estaría indicando que arribaron en 1859. Esto explica por que no aparecen en el censo de Buenos Aires de 1855. No había pensado en la posibilidad de la salida por Pasages, si por Bayona o Burdeos.
Existe un dato que no me logra convencer del todo y es que hay un Jean Aphat que llega a Buenos Aires el 5 de febrero de 1861 desde Bayona en la barca « Juanita ». El problema es que en la tripulación no figura Catalina, que debía estar cursando el embarazo al cual hice alusion anteriormente y que se encuentra registrado el 6 de agosto de 1861 en Barracas al Sud (actual Avellaneda).
Aun con esta omision sería algo logico que Jean y su esposa hayan llegado al país un tiempo después que su hermana y su cuñado.
Por otro lado un hermano de Catalina, Martin Arnaud Dornaletche tambien migro a nuestro pais por esos años con su esposa Marie Hauriet y su hija.
Nuevamente le agradezco la informacion que me ha brindado. En breve le estare enviando fotos de la tumba y si llega a encontrar algo mas será muy bienvenido.
Une brève histoire de Barracas al Sur / Avellaneda.
Courrier du 7 novembre 2022
Bonjour Christiane,
J’espère que tu vas bien. Je tenais à te remercier de m’avoir mis en contact avec Agustin Wieckiewicz, le professeur d’histoire argentin qui a fait cette recherche sur la tombe
la plus ancienne d’Avellaneda dans la banlieue de Buenos Aires, celle de Catalina Aphat. Nous nous sommes écrit pendant l’été et début octobre, des membres du groupe Hazparneko Joaldunak se sont rendus en Argentine pour la Semana Vasca. Je leur ai donné le contact d’Agustin et ils sont allés rendre un hommage à Catalina sur sa tombe. Je suis moi-même en Argentine et en Uruguay et vendredi soir j’ai fait une présentation avec Agustin au Centre Basque-Français de Buenos Aires. Samedi matin, nous sommés allés inaugurer une plaque que j’avais apportée d’Hasparren en hommage à Catalina Dornaletche-Aphat. Nous sommes très touchés par cette découverte car cette femme d’Hasparren, totalement inconnue apparait à la lumière quelque 150 ans après son décès en Argentine.
Je te joins une photo de la plaque nous avons fait faire pour Kattalin avec mon groupe des Joaldun d’Hasparren ainsi que le lien Facebook du Centro Vasco qui parle de la causerie conjointe avec Agustin.
Voilà, le lien est créé, grâce à toi et je t’en remercie encore.
A bientôt.
Beñat Çuburu-Ithorotz
https://www.facebook.com/centrovascofrancesiparraldekoeuskaletxea/