Deux pays, trois métiers, deux épouses, six enfants et mort à 51 ans, voici la courte vie de Laurent Etchebarne né à Licharre, mort à Mauléon-Licharre et ayant vécu un peu moins de 15 ans en Uruguay.
Voici Alcira Etchebarne, uruguayenne. Alcira est le trait d’union placé au milieu des générations qui relient Laurent Etchebarne et Graciana Puchulu, français à mon correspondant Cristiano de Oliveira, brésilien.
Alcira est la fille d’Antonio, la petite fille de Juan Pedro qui a vécu son enfance à Mauléon et l’arrière-petite-fille de Laurent Etchebarne et Graciane Puchulu.
Alcira épouse Léal est aussi la mère de Izaura, la grand-mère de Lucia et l’arrière-grand-mère de Cristiano qui cherche ses racines françaises.
Alcira se trouve au point de séparation des souvenirs restés dans les familles et de l’inconnu que l’on ne trouve que dans les Archives.
Laurent Etchebarne est né dans la maison de Tontibal à Licharre le 28 février 1811 de Pierre Etchebarne de Charritte de bas, 65 ans, instituteur communal et de Marie Bordeguibel d’Ainharp, 45 ans. Tous ces villages font partie de la Soule, Xiberoa en basque.
En 1835 à Mendive, il épouse Graciane Puchulu née entre 1812 et 1818 (les pages des registres manquent) née à Alciette de Jean Puchulu et Marie Saint-Pé ou Landaburu.
Laurent est douanier ou Préposé aux douanes.
Mendive, Alciette-Bascassan ainsi que Saint Michel, son dernier domicile en France sont des villages de Basse Navarre situés sur la frontière franco-espagnole
Le jeune couple s’installe à Suhescun où naît leur première fille Marie en 1836.
Laurent quitte son poste aux douanes, revient dans son village natal, apprend le métier de charpentier et s’est à cette époque que Catherine voit le jour en 1839 à Licharre.
Mauléon-Licharre est une petite ville d’environ 3 000 habitants. Capitale de la Soule, ses bâtiments : château féodal, château d’Andurain et de Sponde (Mairie) racontent son passé historique. Au début du XX ème siècle ce fut la ville de l’espadrille et de la chaussure dont elle essaie de moderniser l’artisanat.
1840- 1850. C’est l’époque où des agents d’émigration, à la solde des grandes compagnies maritimes, recrutent des jeunes gens pour mettre en valeur les plaines uruguayennes parcourues par les Indiens absolument rébarbatifs à l’agriculture.
Laurent a envie de partir, douanier ou même charpentier, ne sont pas des métiers de grand avenir pour un jeune homme ambitieux. Leurs filles sont des bébés mais les parents ont l’insouciance de la jeunesse et la décision est prise. Ils émigreront en Uruguay.
Nous n’avons pas de documents maritimes de cette époque donc pas de certitude mais c’est en général du port de Bordeaux qu’ils s’embarquaient pour deux mois de traversée.
En 1842 ou 1843, Laurent s’immatricule au Consulat de Montevideo comme charpentier. On n’immatricule ni l’épouse ni les deux filles.
La vie en Uruguay
Mon correspondant brésilien Cristiano de Oliveira a cherché mais il y a cinq générations entre lui et Laurent Etchebarne ; les souvenirs ont disparu de la mémoire familiale, seuls restent les documents d’Archives. En Uruguay, le nom devient Echebarne, la prononciation est identique mais on supprime le « t » puisque « ch » se prononce « tch » en espagnol.
Trois enfants sont nés à Montevideo : Pedro en 1842, José en 1846 et Juan Pedro en 1852, c’est l’ancêtre de mon correspondant qui cherche ses racines françaises.
D’après les actes de naissances des enfants, Laurent et Graciana vivaient dans la région de Montevideo. Quel que soit son métier en Uruguay, Laurent a su faire fructifier son travail car parti, comme tous les autres émigrants, sans rien ou si peu ; dès son retour à Mauléon il a acheté des terres et des maisons ; allant jusqu’à prêter de grosses sommes d’argent à ses débiteurs.
En 1854, Marie leur fille aînée, âgée de 18 ans, se marie à Montevideo avec Bernardo Daguerre, ferblantier, né à Alos-Sibas-Abense à côté de Mauléon.
Le retour au pays natal
On ne connaît pas la date exacte mais le 13 mars 1855, Graciana accouche d’un petit garçon qui sera appelé Jean- Baptiste ; Laurent est charpentier à Licharre qui maintenant est rattaché à Mauléon pour former la commune de Mauléon-Licharre.
Mais le malheur s’abat sur la famille, Graciane, la mère, décède laissant cinq orphelins de 16 ans à 3 mois.
En 1856, Catherine, la seconde fille se marie à 17 ans avec Jean-Pierre Barbé, employé à la sous-préfecture de Mauléon, ils auront plusieurs enfants dont certains émigreront en Uruguay également.
Laurent est seul avec ses garçons de 14 à 2 ans, il n’est plus charpentier il se lance dans le commerce de la laine. Ces courtiers achetaient les toisons des brebis au moment de la tonte, puis ils les faisaient laver. Les plus belles partaient dans des filatures et les autres servaient à remplir les matelas, c’était un très bon isolant et régulateur de température.
Le 24 avril 1858, Laurent a 47 ans, il décide de refaire sa vie et épouse Anne Iribarne d’Ordiarp. Anne a 37 ans, elle a aussi un commerce ; ils n’auront pas d’enfants.
Les garçons Etchebarne grandissent, en mai 1858, Jose, âgé de 11 ans seulement, s’embarque à Bordeaux sur le navire Jules, il revient à Montevideo certainement chez sa sœur Marie. A 11 ou 12 ans, on considérait un enfant en « état de labeur » capable de travailler et de gagner son pain.
La vie reprenait tranquillement pour Laurent Etchebarne quand il décède le 3 mai 1863 à 51 ans, certainement subitement car il ne fait pas de testament.
Une vie bien courte mais bien remplie !
Au moment de la succession, Anne Iribarne a un beau geste, Laurent lui avait promis une somme de 2600 francs dans son contrat de mariage ; elle prend cette somme et laisse tous les biens en partage aux enfants.
En 1866, deux frères Etchebarne de Mauléon s’embarquent à Bordeaux en direction de Montevideo, l’un a 15 ans c’est peut-être Jean Pierre mais il n’y a pas les prénoms.
La descendance de Jean- Pierre né en 1852, 5ème fils de Laurent Etchebarne et Graciane Puchulu
Lorsque Juan Pedro est revenu vivre en Uruguay, il s’est installé au nord du pays dans la région de Rivera. C’est une region d’agriculture mais aussi d’élevage, des troupeaux de plusieurs centaines de bêtes parcourant les plaines.
Juan Pedro Echebarne épouse Rita Otilia Rolim, ils eurent plusieurs enfants dont Antonio Etchebarne Rolim.
Antonio Echebarne se marie avec Camila Alves de Oliveira ; Alcira Echebarne est leur fille.
Puis cette partie de la famille traverse la frontière et s’installe au Brésil et le nom Echebarne est transformé en Echevarria. Alcira Echebarne en Uruguay devient Alcira Echevarria au Brésil.
Alcira Echeverria se marie au Brésil avec Octávio Leal. Ils ont vécu à Santana do Livramento dans le département brésilien de Rio grande do Sul, juste de l’autre côté de la ville de Rivera en Uruguay. Le couple travaillait dans l’agriculture, ils possédaient un domaine avec une grande étendue de terres. Alcira a eu dix enfants, un seul vit encore aujourd’hui
Les voici au mariage de Gessi une de leur fille. Alcira à gauche derrière la mariée.
Une autre de leur fille est Izaura Etcheverria Leal, la grand-mère de Cristiano morte en 2022 ; alors que sa mère Lucia, fille d’Izaura est décédée en 2014.
Cristiano de Oliveira connaît Paris mais n’est jamais descendu au pays basque.
Ce sera pour son prochain voyage !
Avec l’aimable collaboration et les photos de Cristiano de Oliveira, brésilien.
Que linda historia , felicitaciones y gracias por transmitir historias de nuestras raices , espero pronto la de mis antepadados Jean Marie Duffard casodo con Josephine Forgues
Gracias por hacer posible que esa historia haya sido rescatada. Saludos desde Brésil.