François dit Brie Jean Baptiste

Ispoure

Jean Baptiste est né au début du siècle, fils de Joseph François dit Brie, chef de Bataillon des troupes Napoléoniennes, Chevalier de la Légion d’honneur et de Catherine de Laustan.

Le père Joseph était né à Vaux-le-Penil en 1760, fils de Jean François et de Catherine Godand. C’est pendant sa carrière militaire que son nom sera transformé en François dit Brie. La Brie étant le nom de la plaine où il naquit.

La mère, Catherine de Laustan est née à Ispoure en 1769, fille de Jean de Laustan et de Catherine Carricaburu.

Joseph François et Catherine de Laustan, se sont mariés à Ispoure qui portait le nom de Saint Laurent en 1793. C’est la Révolution française et la chasse à la noblesse et à tout ce qui rappelle l’Ancien Régime ; pour cela Catherine figure avec le patronyme de sa mère Carricaburu, une roturière.

Les enfants du couple sont nés dans les villages où le père était en garnison : Marie Mélanie en 1810 à Bayonne (garnison de Mousserolles) et Dominique en 1815 à Ispoure. En 1815, Joseph était déjà retraité de l’Armée, il avait 55 ans et la famille vivait dans la maison Laustania (de Laustan) à Ispoure ; mais je n’ai pas les actes de naissances des trois autres (de nombreux registres d’Etat Civil de la Révolution ont des pages manquantes).

Joseph François de Brie est décédé en 1833, à 72 ans, et son épouse Catherine Laustan en 1844, à 74 ans. Grâce aux registres de l’Enregistrement fiscal, nous connaissons la composition de la famille à ces deux dates.

En 1833, Jean Baptiste, médecin habite à St Jean Pied de Port ; Marie et Dominique vivent dans la maison natale Laustania à Ispoure ; Hypolite à Coetto ou Coetbo ? et Marie-Mélanie à Paris.

En 1844, au décès de leur mère, seule Marie (Aricie en famille) vit dans la maison natale; Jean Baptiste est médecin à Montevideo; Hypolite est négociant à Montevideo aussi, Marie-Mélanie a épousé, en 1843, un militaire et vit à Bayonne et Dominique est négociant à Bayonne.

Marie Aricie passera toute sa vie, rentière, dans sa maison natale et lorsqu’elle décède en 1873, elle n’a plus de biens et laisse ses meubles à un commerçant de St Jean Pied de Port, étranger à la famille. 

 

La légende de la maison Laustania.

Aquarelle de Hélène Feillet — Musée Basque de Bayonne

Cette maison existe toujours en bordure de la route de Bayonne à l’entrée de St Jean Pied de Port, le long de la Nive. C’était une « maison forte », murs épais, meurtrières. Laustania barrait le défilé qui fermait le Pays de Cize sur la Nive. Elle était composée d’une tour carrée et crénelée construite en très grosses pierres rouges à laquelle était adossée une maison d’habitation. La tour est toujours là mais elle a été rabaissée de moitié et couverte d’un toit de tuiles, la maison attenante est toujours habitée. La légende de Laustania fut racontée en 2004 lors des Journées du Patrimoine

« IL y a maintenant bien longtemps, le seigneur de Laustania, trouvant trop pauvre son château, demanda, dit-on, aux Laminak (lutins) qu’ils lui en fissent un nouveau.

Les Laminak le voulurent bien. Volontiers ils feraient le château; et, même, ils le feraient avant le premier chant de coq postérieur au coup de minuit. Une condition : en guise de salaire, le seigneur leur donnerait son âme. Et le seigneur de Laustania en fit la promesse.

Dans la nuit même, les Laminak commencèrent leur besogne. Ils taillèrent parfaitement de belles pierres rouges d’Arradoy. Et puis, ils se les passaient vivement de l’un à l’autre, en se disant à voix basse :  » Tiens, Guillen – Prends, Guillen ! – Donne, Guillen ! Et le travail avançait, avançait furieusement. Du haut de l’escalier du poulailler, le seigneur de Laustania regardait les Laminak. Dans la main il tenait un certain paquet gris.

Et voici que les Laminak empoignèrent la dernière pierre :  » Tiens, Guillen – Prends, Guillen !…C’est la dernière, Guillen !… ». Dans le même instant, le seigneur de Laustania mettait le feu à un gros morceau d’étoupe ; une grande lueur s’éleva devant le poulailler. Un jeune coq s’effraya, craignant que le soleil ne l’eût devancé ce jour là : il chanta kukuruku et se mit à battre des ailes.

Avec un hurlement aigu, le dernier Laminak au fond de la rivière jeta la dernière pierre que déjà il tenait dans ses mains :  » Maudit coq !…  » Et il s’abîma lui-même dans le gouffre avec ses compagnons.

Cette pierre, jamais personne n’a pu la retirer du gouffre. Elle est toujours là, au fin fond de l’eau : les Laminak la retiennent avec leurs griffes. Et, depuis toujours, il manque une pierre au château de Laustania. » 

  

Les trois frères François dit Brie en Uruguay

En Uruguay, ils prendront le nom de Brie de Laustan (Patronyme de leur mère).

D’après les recherches de Alfred Lassus publiées en 1994 dans la revue du Centre d’Etudes Basques, les trois frères Jean Baptiste, Hippolyte et Dominique (devenu François) Brie de Laustan formèrent une société avec les frères Rivas, espagnols. Leur but était de recruter des émigrants basques vers Montevideo. Les candidats au voyage devaient payer la moitié des frais de transport (100 Fr) avant l’embarquement, le reste serait retenu sur leur travail, à l’arrivée.

Entre 1838 et 1843, 2500 jeunes gens transportés par 21 navires quittèrent les ports de Bayonne et Pasajes en direction de Montevideo. Ces navires étaient armés par des Bayonnais de St Amand Manchès et son gendre Roby.

Jean Baptiste François dit Brie de Laustan est diplômé en médecine de la Faculté de Montpellier, il s’installe comme médecin à St Jean Pied de Port où on le retrouve en 1833, lors du décès de son père. En 1838, il part pour Montevideo où il exerce sa profession tout en s’occupant des intérêts de la société familiale. En 1843, il est rattrapé par l’histoire de L’Uruguay.

L’Uruguay, petit pays tampon entre les deux géants le Brésil et l’Argentine, est souvent entrainé dans des guerres par ses deux puissants voisins. En 1828, son indépendance est reconnue « Republica Oriental de Uruguay » mais en 1843 devant les menaces du général Oribe se formèrent la Légion italienne, la Légion française et les Chasseurs Basques. Cette armée de 659 hommes comprenait six compagnies, Jean Baptiste Brie de Laustan, nommé Colonel, assura le commandement de la troisième pendant la Grande Guerre (1843 à 1851).

A la fin de la guerre le Docteur Jean Baptiste Brie de Laustan reprit ses activités professionnelles entre Montevideo et Miguelete, s’efforçant toujours de trouver du travail aux nouveaux émigrants basques. Marié, il eut 3 enfants un garçon et deux filles dont l’une Tomasa Brie de Costa fut mère de 13 enfants et fut invitée en 1933 par la Municipalité d’Ispoure lors d’un hommage rendue aux frères Brie de Laustan.

En 1857, le gouvernement déporta plusieurs Colorados dont le Général Diaz, ami intime du docteur Brie de Laustan. Toute la famille Brie se préparait à partir en France où Jean Baptiste voulait que ses fils soient instruits mais apprenant la déportation de son ami, il reprit les armes et se joignit à une colonne d’un millier de Colorados partie pour attaquer Montevideo. En plein combat, son cheval fut tué sous lui, il reprit une autre monture et continua à participer au combat, il fut blessé. Rendus fous par la défaite une colonne de Blancos envahit le Camp des blessés et les égorgèrent. Jean Baptiste laissé pour mort, décéda quelques jours plus tard. En 1865, un monument fut érigé en leur honneur au cimetière de Montevideo »Martyrs de la Liberté de la Patrie »

Dominique François dit Brie de Laustan ne sera plus appelé que François Brie de Laustan. Il a fait des études à Paris c’est lui qui est resté au pays basque le plus longtemps ; en 1844, lors du décès de sa mère il est négociant à Bayonne.

Dès 1840 ; les ennuis commencent : l’émigration qui vide les villages des forces vives n’est pas appréciée de tous et les Brie ont des problèmes avec le nombre de passagers à transporter dans les bateaux, lors de deux embarquements, l’Administration de la Marine donna l’ordre de débarquer des passagers en nombre excédentaire et le Tribunal de Commerce de Bayonne prononça des jugements en défaveur de François Brie de Laustan.

Pour se défendre, Il fit éditer un ouvrage « Considération sur L’émigration Basque à Montevideo »dans lequel il tient à défendre son honneur.

En 1849, il demande un prêt de 14 000 francs à Maître Dalgallarondo de Mauléon ; pour garantir ce prêt il hypothèque tous ses biens à Ispoure, Suhescun , St Just , Sorhapuru, Pagolle, Lecumberry et Juxue . Pour hypothéquer tout cela, il fallait que sa situation financière soit vraiment critique. La société devait une très grosse somme aux armateurs et depuis 1843 en raison de la Grande Guerre en Uruguay, l’émigration avait cessé. De nombreux Basques s’étaient enrôlés et avaient péri et il était impossible aux frères Brie de rentrer dans leurs frais. De plus il se trouva mêlé à une affaire douteuse.

L’armateur Roby avait chargé sur des navires en partance pour Montevideo des marchandises de grande valeur ; un des frères Rivas vola la cargaison. La procédure qu’engagea François Brie devant la justice n’aboutit pas à cause de la vénalité des hauts magistrats, disait-il.

En 1854, Rivas passe sous ses fenêtres et le nargue du sourire et du geste ; François Brie prend une arme, descend dans la rue, se place devant Rivas et tire deux balles en pleine poitrine. Il se constitue prisonnier et fait quatre ans de prison ferme.

En 1858 ; il se fait immatriculer à Buenos Aires en provenance de Montevideo ; il est toujours célibataire.

De 1859 à 1875, François Brie essaie de récupérer des capitaux pour dommages en temps de guerre afin de rembourser Roby mais il n’y parvient pas.

Le 1Er janvier 1876, découragé, il écrit à ses amis de St Jean Pied de Port et se suicide.

En 1878, l’Etat uruguayen accepte de payer des dédommagements pour faits de guerre et Roby rentre dans ses fonds.

Hippolyte François dit Brie de Laustan a participé à la grande guerre d’Uruguay avec son frère Jean Baptiste. Il est décédé dans la région de Paysandu , il était agronome.

 

 

La descendance de Jean Baptiste Brie de Laustan.

Sandra qui s’intéresse à la famille Brie est l’épouse de Felix Maria Brie ; arrière petit-fils de Baltazar Santiago Brie, le seul garçon du Docteur Jean Baptiste Brie. Elle écrit :

« J’ai commencé mes recherches par la famille Brie car ils ont toujours essayé de maintenir les traditions françaises. Mon beau-père racontait que à la maison, on parlait toujours français et que chaque enfant avait une préceptrice qui lui enseignait à lire et à écrire en français.

Bien que je crois que l’amour de la France il le devait aussi à la famille Laxalt …. »

Baltazar Santiago Brie, décédé en 1908 a épousé successivement Maria Laxalt avec qui il a eu quatre enfants puis en secondes noces, Anna Laxalt de qui il a eu huit autres enfants dont Hipolito Benigno.

Du couple Hipolito Benigno Brie et Ester Eduarda Gismondi sont nés trois enfants dont Carlos Eduardo Brie qui épousera Silvia Elena Fris Pucinini, les beaux-parents de Sandra.

Félix Maria et Sandra sont les parents de Lucas, Felipe, Delfina et Vicente ; ils vivent en Argentine dans la Province de Buenos Aires, à Adroqué.

Une réflexion sur « François dit Brie Jean Baptiste »

  1. serra

    Un grand merci pour votre site passionnant.
    Je descends des Burucoa-Fitère des Aldudes/ St Jean Pied de Port, qui ont émigré en Uruguay, entre 1840 et 1860 puis en Argentine .
    François Brie est souvent présent dans les registres notariaux, assurant pour 400 F par personne le passage vers Montevideo. Grâce à vous, je sais presque tout sur lui!!
    La famille Fitère aussi est intéressante. Je la découvre via les archives numérisées du 64, et c’est digne d’un roman.

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