Bidot-Naude Jean-Pierre

Pontacq

Jean-Pierre Bidot-Naude est le 6ème des 11 enfants de Pierre Bidot-Naude et Victoire Claverie. Il nait à Pontacq en1827.

La famille Bidot-Naude a « du bien » : une propriété d’environ soixante hectares et une activité artisanale de fabrication et de commerce de capes de laine qui ne résiste pas longtemps à l’industrie naissante…

7 des 11 enfants du couple atteignent l’âge adulte, 5 filles et 2 garçons…

Jean, l’aîné hérite des terres. La première des filles se marie à Asson et bénéficie d’une dot. Les trois suivantes sont conduites par leur père au convent d’Igon …Quant à la dernière, Angéline, elle est destinée à rester à la maison pour soigner ses parents…

En 1859, Jean-Pierre a 32 ans, il est célibataire et il s’embarque pour l’Uruguay.

De ses premières années d’émigré, on ne sait rien. Mais en 1863 à Paso de Molino, banlieue de Montevideo, il épouse Césarine Bouvier une jeune savoyarde de 21 ans récemment émigrée.

Les Bouvier ont quitté la Savoie en 1860. Ils viennent de Lanslebourg au pied du Mont Cenis, car le percement du tunnel ferroviaire sous le Mont Fréjus condamne leur village à l’inactivité…

Après la naissance de leurs 2 aînés, Jean Pierre et Césarine quittent Montevideo et s’établissent à Rosario où ils deviennent propriétaires de plusieurs « cuadras » de terres agricoles. 5 autres enfants vont agrandir la famille …

À Rosario, le couple n’est pas isolé ; une « colonie » savoyarde : parents, frères, sœurs de Césarine et autres émigrés de Lanslebourg s’est constituée, mais on ne trouve pas de trace de béarnais …

Pendant ce temps à Pontacq en Béarn, la situation est difficile…

Jean, l’héritier, est resté célibataire. A la mort de Pierre, le père, en 1862, les couvents de Dax et d’Igon réclament la part d’héritage des trois filles entrées en religion sans dot…

Un long procès s’ensuivra dont les conséquences sont aussi désastreuses pour les finances de la famille qui celui intenté quelques années plus tôt par la veuve Peron.

En 1847, Jean Pierre avait tiré le mauvais sort et devait donc partir à l’armée. Perspective inenvisageable pour le jeune conscrit, car Alexandre Claverie son oncle maternel n’était jamais revenu du service militaire…

Or, à cette époque, on pouvait se faire substituer moyennant finance, ce qui fut fait !…

Malheureusement « le remplaçant » Simon Peron de Lyon fut tué au combat en 1849, et sa veuve fit un procès à la famille Bidot-Naude pour demander une pension…

En 1869, après la mort de Jean, il reste 2 femmes dans la ferme Bidot-Naude: Victoire âgée de 78 ans, et sa fille Angélique.

Angélique, dorénavant, passe sa vie à payer des dettes, mais sans jamais vendre un seul lopin de terre, l’intégralité de la propriété lui paressant plus importante que sa propre vie.

Pendant dix ans, elle se bat, elle multiplie les lettres à son frère Jean-Pierre en Uruguay, elle lui fait écrire par des parents et même par le Maire de Pontacq …

Elle le supplie de rentrer en Béarn …

En 1879 enfin, Jean Pierre vend ses terres de Rosario à ses beaux frères. Il revient à Pontacq avec sa femme et ses 7 enfants. La propriété va revivre !

Césarine son épouse, coupée de sa famille, décline rapidement et décède en 1882.

« Morte d’ennui », dit-on dans la famille…

Elle n’a que 39 ans et ses enfants désormais orphelins, sont âgés de 7 à 16 ans…

Angélique, la bien-nommée, restée célibataire, élève les plus jeunes.

Pierre Auguste*, l’un des 3 fils de Jean-Pierre, héritera des terres et deviendra lui aussi, le chef d’une nombreuse famille.

Il vivra jusqu’à 95 ans, attribuant sa longévité au « bon air respiré en Uruguay » !

Ses sœurs feront de « beaux » mariages et trois de leurs enfants s’établiront aux Etats-Unis.

Léonce repartira à Rosario en Uruguay et Bernard deviendra artisan à Pontacq sous le patronyme Bidot.

Quant à Angéline, pour qui la famille et sa propriété justifiaient tous les sacrifices, elle quitta ce monde en 1895 non sans avoir précisé en 1888 dans un testament mystique sa conception des devoirs de ceux qui lui survivraient :

« je veux qu’il soit bien entendu que si je laisse tout mon avoir à mon neveu Pierre* excluant ainsi de ma succession mes autres neveux et nièces c’est uniquement pour qu’il puisse maintenir la maison paternelle et payer toutes les dettes de la succession mais il voudra bien se souvenir que ma volonté expresse est qu’il aide ses frères et sœurs dans la mesure du possible et selon leur besoin, et surtout qu’ils vivent toujours unis entre eux comme doivent le faire les membres d’une même famille »

* Pierre-Auguste était le grand-père de Maurice, mari de Christiane Bidot-Naude, disparu en 2005.

Texte ré-écrit par Claudine Sibers.

 

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