Quand j’ai reçu la demande du Mexicain Germán Diosabot, j’ai été très intéressée car je repartais (mentalement) à Jicaltepec, où je ne suis jamais allée mais où sont les descendants des Boué, des Naude, des Prince, tous émigrés du Béarn. Des souvenirs ressurgissaient, le déplacement à Champlitte avec les Jaymes, les journées passées avec Bonnie, le musée familial que garde précieusement la señora Lourdes Drouaillet…
German m’avertissait, le patronyme a été déformé, je cherchais Duizabeau, Dieuzaboo ; tous dans des villages situés autour de Monein, Oloron. J’ai pensé à Cardesse le village d’où est parti Jean Porte-Petit mais ce n’était pas la même émigration ; vers 1860 partaient de jeunes gens aisés pour faire du commerce dans le bois ou les métaux précieux, German me ditsait que son ancêtre vivait à Jicaltepec, il était donc cultivateur.
Après des heures passées sur Family search, j’ai trouvé un recensement de 1930 : Justo Diosabot et sa famille étaient bien présents au Mexique à Martinez de la Torre, provincia de Veracruz ; je me rapproche de Jicaltepec.
En 1930, Justo Diosabot a 65 ans il est français et cultivateur, son épouse Vicenta Oliva 50 ans est mexicaine, cinq enfants vivent encore avec leurs parents : Arturo 23 ans, Justino 21 ans, Ernesto 19 ans, Guillermo 17 ans et Leontina 15 ans, une dernière petite fille Alfonsina née en 1919 est décédée de la grippe en 1922. Dans le même village sont déjà mariés les deux aînés : Constancio, 25 ans, avec Amanda Pochat et Constantina, 22 ans, avec Ernesto Pochat. Ils ont donc eu 8 enfants.
Justo est grand-père de German né en 1927, fils de Constancio.
J’ai maintenant un élément de recherche sûr : Vicente Oliva.
Et ainsi je suis arrivée à débusquer le mariage :
Nom | Justo Diensaleot |
Sexe | Male |
Âge | 32 |
Année de naissance (estimation) | 1867 |
Nom du père | Juán Diensaleot |
Nom de la mère | María Andrínel |
Nom du conjoint | Vicenta Oliva |
Sexe du conjoint | Female |
Âge du conjoint | 20 |
Année de naissance du conjoint (estimation) | 1879 |
Nom du père du conjoint | Vicente Oliva |
Nom de la mère du conjoint | Gregoria Ruiz |
Date de l’événement | 20 Apr 1899 |
Lieu de l’événement | Nautla, Veracruz, México |
Lieu du mariage | Náutla, México |
Type d’événement | Marriage Registration |
J’ai le mariage, les patronymes sont déformés, les âges approximatifs mais j’ai le nom des parents de Justo. Diensaleot ça n’existe pas, je cherche donc avec Andrinol. Rien de rien ! mais je sens que je vais y arriver, ma liste d’émigrants contient des noms ressemblant mais ni à Cardesse, ni à Monein le nom de la mère a une quelconque ressemblance avec Andrinol et Eurêka !! à Lucq de Béarn, la mère est Marie Andregnettes et l’enfant est Justin qui a donné Justo et qui est né en 1865. Le recensement de 1930 donnait l’âge exact. Je l’avais trouvé !
Les recherches en Béarn
Elles sont beaucoup plus faciles surtout grâce aux relevés fait par MCLVL, le groupe de généalogie de Lagor. A Lucq de Béarn, le 6 aôut 1865, Jean Diusabou, 46 ans, laboureur, domicilié dans la section Bordes de Lucq vient déclarer un enfant de sexe masculin né dans sa maison de lui et de Marie Andregnettes, 26 ans. C’est leur troisième enfant : Cyprien en 1861, Anne en 1863 qui décède à 26 mois et Justin en 1865. Jean ne verra pas grandir ses fils puisqu’il décède en 1868 à 49 ans.
La vie est difficile pour cette famille, ils sont métayers, Marie était domestique, on se marie, on se remarie, le grand souci est comment élever les enfants quand l’un des parents décède. C’est le tableau de la France rurale du milieu du XIXème siècle, moins d’enfants décèdent en bas âge qu’au siècle dernier mais les parents n’ont aucune sécurité. Avoir des enfants est leur seul bâton de vieillesse.
En 1861, quand il a épousé Marie Andregnettes née à Navarrenx, Jean Diusabou était veuf depuis deux ans.
En 1849, à Lucq de Béarn, à 30 ans, il a épousé Bertrande Jeanne Castera, jeune veuve de 33 ans.
Jeanne Castera s’était mariée avec Jean Brandou en 1843, ils eurent un fils Jean en 1845, Jean Brandou décède en 1848 à 44 ans et le petit Jean en 1849 à 4 ans. A 32 ans, Jeanne Castera est seule, elle a perdu son mari et son fils, elle est domestique.
Quelques mois après elle se remarie avec Jean Diusabou, 30 ans, cultivateur et la vie reprend, des enfants naissent : Marie en 1850, Pierre en 1852, Jean Baptiste en 1855, Marie en 1858. Le malheur est tenace, Jeanne décède en 1859 laissant quatre petits orphelins de 9 à un an.
Comment Jean Diusabou peut-il travailler et s’occuper de ses enfants ? il faut une femme et Jean épouse Marie Andregnettes, il a 42 ans, elle 22 ans. L’épouse trouve un foyer, lui une nouvelle mère pour ses enfants.
La famille s’agrandit : Cyprien en 1861, Anne en 1863 qui décède et Justin en 1865. Et le malheur suit son chemin, Jean Diusabou décéde en 1868 à 49 ans.
Les enfants du premier lit sont grands et placés comme domestiques. Pierre (1852) et Marie (1858) forment des nouveaux foyers à Lucq de Béarn, Jean Baptiste (1855) meurt à 24 ans à l’hôpital de Limoges pendant son service militaire et Marie Andregnettes se remarie en 1871 avec Pierre Théaux-Labarrère. Elle pourra élever Cyprien et Justin mais quelle sera leur place et leur relation avec leur beau-père ?
L’émigration
Cyprien et Justin Diusabou, les deux fils de Marie Andregnettes choisissent l’émigration ; tous deux quittent le Béarn avant de faire leur service militaire. Il est écrit que les deux frères sont partis en Argentine. Mais Justin s’arrête à Veracruz, rien n’indique qu’ils soient partis en même temps.
Dans la famille mexicaine, on dit qu’il est bien arrivé en Argentine mais qu’ensuite il a traversé de nombreux pays pour venir au Mexique. Légende ou réalité ?
Au Mexique
Justin devenu Justo s’installe à Jicaltepec où vit la colonie de Champlitte, sujet que j’ai déjà traité, il a 7 enfants ; mon correspondant, Germán Diosabat, est le petit-fils de Justino. Justino né en 1909, épouse Constancia Gonzalez Dupont dont il eut 9 enfants. Justo a eu une vie de travail dans l’agriculture, presque le même qu’il aurait eu en France. Il a vécu très vieux, la famille dit cent ans ?
En Argentine
Cyprien devenu Cipriano se marie en 1898 à Tres Arroyos dans la provincia de Buenos Aires avec une Argentine Romualda Morel, il a 34 ans, elle 20. Ils ont aussi une nombreuse descendance
Voici combien les noms peuvent être déformés.
Nom | Cipriano Biusabí |
Âge | 34 |
Année de naissance (estimation) | 1864 |
Nom du père | Juan Biusabí |
Sexe du père | Male |
Nom de la mère | Maria Andriñeta |
Sexe de la mère | Female |
Nom du conjoint | Romualda Morel |
Âge du conjoint | 20 |
Année de naissance du conjoint (estimation) | 1878 |
Nom du père du conjoint | Francisco Morel |
Sexe du père du conjoint | Male |
Nom de la mère du conjoint | Candelarie Percyre |
Marriage Date | Jan 1898 |
Lieu du mariage | Nuestra Señora del Carmen, Tres Arroyos, Tres Arroyos, Buenos Aires, Argentina |
Lieu du mariage (original) | Tres Arroyos, Nuestra Señora del Carmen |
Les yeux de Justin, Justo, expriment une certaine joie, douceur et gentillesse béarnaises ; cet homme a quitté les collines couvertes de vignobles de Lucq pour s’installer dans les terres fertiles mais inondables sur les rives du fleuve Nautla pour cultiver la banane et la vanille. Je remercie Germán d’avoir cherché ses racines.
Avec l’aimable collaboration de Germán Diosabat
Un petit rappel sur l’émigration à Jicaltepec.