Avec cette famille nous partons au cœur des Pyrénées, en Haute Bigorre dans la vallée de Lesponne creusée par l’Adour, au pied du Pic du Midi. C’est dans le village de Beaudéan qu’est né Guillame Péteilh en 1855. Guillaume est le troisième enfant de Jean Marie Peteilh Hurat et de Marianne Verdoux. Comme il y avait au moins quatre familles Peteilh dans le village on ajoutait le nom de la maison pour ne pas les mélanger à l’état civil. Jean Marie Péteilh et Marianne Verdoux se sont mariés en 1848 à Labassère le village natal de Marianne, Jean Marie a 30 ans, il est tanneur, fils de Jacques Péteilh Hurat et de Jeanne Marie Péteilh ; Marianne a 24 ans ses parents domiciliés à Labassère sont Baptiste Verdoux et Thérèse Arrodes.
Jean Marie s’installe comme cabaretier dans le centre du village de Beaudéan ; l’auberge était souvent le seul commerce c’était un café-bar où les hommes se réunissaient le dimanche pour jouer aux cartes ou aux quilles selon les régions mais c’est aussi là que les femmes achetaient leur épicerie surtout le sucre, le café et l’huile car on vivait de produits de la ferme ou du jardin et de la basse-cour, c’est aussi là que l’on pouvait s’approvisionner en clous… et quincaillerie ; quelquefois l’auberge servait des repas pour les gens de passage, pas de touristes mais des négociants ou des commis voyageurs qui se contentaient d’un assiette de soupe et d’une viande accompagnée d’un verre de vin, si la nuit arrivait il y avait une chambre pour dépanner. Marianne devait aider à l’épicerie et à la cuisine bien que la famille s’agrandisse rapidement : Thérèse en 1849 qui décède à 2 ans, Marie dite Thérèse en 1852, Guillaume en 1855, une autre Marie en 1858, Jean Pierre dit Jules en 1860, Baptiste en 1863, Félicité dite Alexandrine en 1866.
En 1872, Beaudéan compte 780 habitants, Guillaume Péteilh a envie d’un autre avenir et il décide de traverser l’Océan en direction de Buenos Aires ; des agents d’émigration parcouraient les vallées pyrénéennes à la recherche de jeunes hommes vigoureux et téméraires. On ne trouve pas son visa mais il est certainement parti de Bordeaux avant 17 ans car lors du recensement de 1872, il n’est plus à Beaudéan et lors de son Conseil de révision il est domicilié en Argentine.
En Argentine
Noemi, ma correspondante argentine, son arrière-petite-fille, ressent un besoin de connaître ses racines et la vérité sur son histoire familiale ; (Era algo muy doloroso para nosotros no saber nada… casi uno podia pensar si era cierto o no lo que se relataba de ellos) ; elle partage mes trouvailles avec son père Julio José de 83 ans ; c’est une chance pour elle car combien de correspondants regrettent de ne pas avoir questionné leurs parents.
Guillaume Péteilh a épousé Elisa Camu originaire de la région toulousaine selon la famille, ce couple avait des idées progressistes. Leur fils Julio Guillaume a épousé une jeune Italienne Maria Colomba Gizzi, comme tous les Italiens à cette époque elle était catholique croyante et pratiquante et a voulu un mariage religieux ce qui était contraire aux idées de Julio Guillaume athée et socialiste mais que ne ferait-on pas pour les yeux d’une Italienne ?
Noémi insiste sur le fait que son grand-père était socialiste et athée, chose que je ne retrouve pas chez les Basques mais qui n’est pas rare chez les Béarnais (Jean Jungalas de Buziet, Alejo Peyret de Serres Castet) et les Bigourdans.
En 1848 avec l’Institution du suffrage universel des idées républicaines de liberté et d’égalité ont enthousiasmé le peuple mais en 1851 par un coup d’état Napoléon III a balayé la République. De nombreux intellectuels et ouvriers regroupés en syndicats se sont opposés, la répression soutenue par l’Eglise conservatrice a été féroce poussant de nombreux Français « socialistes et athées » à l’émigration.
Suivant la voie de son père, Guillaume a monté un commerce dans la Pampa : une pulperia, négoce équivalent à cabaretier : on y mange, on y dort parfois, on y trouve de tout. En 1880, la Pampa était loin d’être un lieu tranquille, les Indiens revendiquaient ces terres et leur liberté et le gouvernement et les colons argentins voulaient conquérir et occuper ces grands espaces pour les mettre en valeur. La vie était dure pour tout le monde avec des attaques incessantes de part et d’autre (Pero ellos hablan de que eso lo quisieron hacer en la Pampa… y que despues se vinieron a Bs As dado que los Indios no los querian, y los atacaban con sus armas, boleadoras se llamaban aqui… habria que escuchar ambas versiones.)
C’est dans la Pampa que se sont installés les Aveyronnais en formant la Colonie de Pigüe où on garde encore des traces de la culture française telle que l’« omelette pascale » que tout le village partage… en décembre. Décembre c’est le plein été en Argentine.
Guillaume Péteilh a quitté cette région inhospitalière pour s’installer à Buenos Aires plus sûre.
Trois enfants naquirent : Estela, Alberto et Julio Guillermo le grand-père de Noemi. Estela a eu des jumelles, Alberto plusieurs enfants dont Noemi essaie de retrouver la trace par Facebook. Julio Guillermo travaillait dans un hôtel de luxe à Buenos Aires.
De la France, Noemi n’avait aucun détail écrit même pas le nom du village Beaudéan mais on racontait dans la famille qu’avant le décès de son grand-père en 1939 des gens du Consulat français se sont présentés chez lui à propos d’un héritage, il avait 90 jours pour accepter ou non comme il n’a pas cru à cette histoire, il a abandonné.
La famille Péteilh en France
Grâce aux recensements de population numérisés par les Archives départementales des Hautes Pyrénées, on peut suivre la composition de la famille. En 1872 Guillaume a déjà émigré, en 1876 Marie dite Thérèse a eu une petite fille Anne, elle habite avec ses parents, en 1881, la famille est bien réduite seulement Marianne la mère, sa fille Alexandrine de 15 ans et Anne la petite-fille. Jean Marie, le père est décédé en 1880 à 62 ans. En 1886 Marianne est seule avec sa fille Alexandrine de 20 ans. En 1891, Baptiste se marie à Beaudéan, sa mère est présente au mariage. Il n’a pas repris l’affaire familiale il est journalier. Guillaume avait fait le bon choix pour un meilleur avenir !
Avec l’aimable collaboration de Noemi Péteilh.
Corps du message :
Bonjour,
Je tenais à vous remercier pour l’excellent récit que vous avez fait sur Guillaume Péteilh parti de Beaudéan (65) avant 1872 et ancêtre de Noémi Peteilh. Il se trouve que celle-ci est une lointaine cousine car le grand-père de Guillaume Péteilh (Jacques Péteilh Hurat) est mon arrière-arrière-arrière-grand-père, comme pour Noémi. J’apprécierais d’ailleurs si vous me donniez son contact ou si vous lui donniez mon adresse mail.
Bien cordialement,
Guillaume Cassou
Hola Guillaume, puedes escribirme a noemi.peteilh@gmail.com.
Hoy estuve en Beaudean, y recorrí sus calles, me presente en el Ayuntamiento para solicitarles información sobre la casa en donde vivían mis ancestros. Estoy muy emocionada. Hice este viaje solo por eso, mi padre de 84 años está muy feliz también. Gracias Christhianne por traernos tanta luz con estos datos.
Saludos
Noemi
Voici le message de Noemi Péteuilh reçu fin juillet 2022
Buenas tardes Christianne, espero te encuentres bien.
Hace dos años me ayudaste a encontrar a mis ancestros, y a reconstruir la historia de mi familia que había quedado desmembrada con el paso de los años y las vicisitudes personales y sociales.
Sigo investigando, te cuento que gracias a esos datos que nos facilitaste, me vine de vacaciones una semana con mi esposo e hijos para conocer Beaudean.
Ayer estuve alli, no puedo transmitirte la felicidad que tengo, casi no he podido dormir esta noche.
Estuve en Mairie, y me buscaron en Maison de donde eran los Peteilh Hurat.
Estuve en el cementerio, están preparando un monumento a los caídos, algo simple, pero ello con dedicación y afecto. Vi que en ese listado van apareciendo Peteilh, hay muchos allí!!