Coig Jean-Pierre

Escot

Escot est un village de la vallée d’Aspe situé, pour ceux qui l’ignorent, dans le département des Pyrénées Atlantiques (autrefois les Basses-Pyrénées) ; plus précisément dans la partie béarnaise, à l’est, où l’on parle un dialecte apparenté à la langue occitane ; à l’ouest, on parle la langue basque, très différente.

Escot était le village d’origine de mon grand-père paternel et c’est ainsi que je me suis intéressée à la généalogie des habitants, pour certains mes cousins éloignés.

De ce village pauvre sont partis, au 19ème et au début du 20ème siècles, de nombreux émigrants à destination de l’Amérique du Nord et du Sud.

« Il y a des noms bizarres dans cette vallée » ai-je entendu un jour. En tous cas, des patronymes peu répandus et parfois introuvables ailleurs.

Le patronyme COIG (prononcer COTCH) évoque un passage étroit, un col de montagne (Dictionnaire béarnais ancien et moderne, de Vastin Lespy & Paul Raymond, 1887, page 188).

Jean-Pierre COIG est né à Escot le 1er juillet 1851.

Fils naturel de Catherine COIG, âgée de vingt-deux ans, sa naissance est déclarée en mairie par son arrière-grand-père Jean COIG, soixante-douze ans.

Sans remonter trop loin, cet aïeul, appelé Jean PUCHEU-COIG (1779 – 1862) berger et cultivateur, a épousé Jeanne MEMVIELLE (ou MINVIELLE) dit BOURDIU (1774 – 1822) à Escot le 5 ventôse an V (23 février 1797).

Ce couple aura, entre 1798 et 1816, trois garçons et cinq filles.

L’aîné, Jean, surnommé Pierre (1798 – 1871) s’est marié à Escot le 26 avril 1825 avec Marie LABAIG (1806-1890), cultivatrice, la fille légitime de Jean-Pierre LABAIG et de Marie PLECQ.

Selon l’état civil, ils ont eu quatre fils entre 1826 et 1831.

Et au moins une fille, Catherine, née entre 1829 et 1834.

Je n’ai pu retrouver l’acte de naissance de Catherine COIG à Escot ; mais son acte de décès « filiatif » précise bien l’identité de ses parents.

Pourquoi a-t-on oublié de déclarer la naissance de Catherine ? Naissance dans une autre commune pendant un déplacement, une transhumance, absence des hommes de la maison, jumelle inattendue née après l’un des garçons ?

Il ne faut pas imaginer que, même en cette époque « patriarcale » on oubliait plus facilement les filles, l’obligation d’inscrire les baptêmes, puis les naissances de tous les enfants est très ancienne en France et en Béarn (qui a été rattaché à la France en 1725 « seulement »).

Les enfants de Catherine Coig

Catherine COIG ne s’est pas mariée. Après la naissance de Jean-Pierre, son aîné, elle a eu sept autres enfants de père inconnu, dont trois morts en bas âge. Voici la fratrie :

  • Jean-Pierre COIG né à Escot le 1er juillet 1851 émigre à Buenos Aires (Argentine)
  • Marguerite née en 1854, décédée en 1890, qui a épousé Jean COUSTÉ, d’Escot (1847-1897)
  • Marie COIG 1856 – 1857
  • Catherine COIG 15 décembre 1859 – 16 mai 1860
  • Pierre né en 1864 émigré à San Francisco (Californie) en 1884 avec l’agent LAPLACE. Il a été appelé au service militaire et signalé insoumis le 1er juillet 1886
  • Delphin né en 1867, émigré à Buenos-Aires (Argentine) et signalé insoumis le 1er juin 1889.
  • Véronique dite Marie née en 1871, décédée en 1898 à Gurmençon (près d’Oloron) épouse de Jean TUS dit Eugène, charron.
  • Jean COIG 1874-1874.

Jean- Pierre Coig en Argentine et son retour au Béarn

Jean-Pierre a été immatriculé au consulat de France de Buenos-Aires (Argentine) le 1er octobre 1872 sous le numéro 18.952.

On apprend sur le registre consulaire qu’il est célibataire, laboureur de profession et qu’il est venu de Bordeaux en 1869 sur le navire Araucania.

Il avait environ dix-huit ans ; est-il parti seul, était-il attendu sur place par un oncle ou cousin ayant émigré avant lui ?

En Argentine, il s’est marié avec Maria SEMPÉ, d’origine française, née à Buenos-Aires en 1869, fille de Jean SEMPÉ et Catherine DAVID-PELILH (ce dernier patronyme est présent à Escot).

Ils ont eu plusieurs enfants nés en Argentine, puis en France.

Parti de rien, le jeune cultivateur d’Escot est devenu commerçant et a pu retourner en France « fortune faite » (ou du moins, aisance financière acquise).

La famille a quitté l’Argentine entre le 30 juin 1899 (baptême d’Elisa à Buenos Aires) et la naissance d’Elvire en 1902.

Maria SEMPÉ est décédée le 19 janvier 1916 à Pau au domicile familial (maison Ladévèze, route de Bordeaux).

Sur l’avis d’obsèques paru dans L’indépendant des Basses Pyrénées du 21 janvier 1916 figurent Pierre COIG, Joseph COIG, Mlles Esther, Elise et Elvire COIG, les familles SEMPÉ et CASABONNE de Buenos Aires.

Jean-Pierre COIG, devenu rentier, est décédé le mardi 17 mai 1927 à Pau, avenue Mayniel.

Sur l’avis de décès paru dans l’Indépendant le 19 mai 1927 sont mentionnés ses enfants : Pierre COIG, M et Mme René MONNOT, Elise et Elvire COIG, et les familles PETUYA de Bidos et COIG d’Escot.

Les enfants de Jean-Pierre COIG et Maria SEMPÉ :

Wenceslao COIG (1887-1890) est né et décédé à Buenos Aires

Maria Elena COIG dite Esther est née le 8 septembre 1894 à Buenos-Aires.

Elle sera professeur d’espagnol.

Dans l’Indépendant des Basses-Pyrénées du 14 juillet 1915 (https://gallica.bnf.fr/) on apprend qu’elle a obtenu le Brevet Supérieur.

Le même quotidien révèle le 1er novembre 1921 que cette ancienne élève des cours secondaires de jeunes filles de Pau a été reçue première sur cent cinquante candidates au concours ouvert en Sorbonne pour le professorat d’espagnol.

Événement peu ordinaire à l’époque puisque la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz reprend l’information, le 3 novembre 1921 (https://www.retronews.fr/).

Le 23 mars 1923 à Pau, elle épouse René Léon Joseph MONNOT (1890-1964), professeur agrégé d’italien.

Aux termes de l’acte, l’épouse est domiciliée à Pau 17 rue Galos, l’époux à Nîmes (Gard) et avant à Vienne (Isère) ; ses parents sont décédés.

Les témoins sont Élise COIG attachée à la Banque de France et Joseph PEYRÉ avocat à la cour d’appel de Pau.

René et Maria ont eu au moins deux enfants, des jumeaux :

Simone Claude MONNOT 1931 – 2014.

Michel Pierre 1931 – 1932 décédé à huit mois.

Dans l’avis de décès de l’enfant paru au Petit Provençal du 2 avril 1932, on apprend que René MONNOT est professeur au lycée de Nîmes et aucune profession n’est mentionnée pour son épouse.

L’avis de décès mentionne le docteur Gérard MONNOT d’Alger et sa famille, Mlles Odyle et Gabrielle MONNOT, Pierre COIG et ses sœurs Elise et Elvire.

René MONNOT était franc-maçon ; on sait que pendant l’Occupation nazie, le régime de Vichy a persécuté les loges maçonniques.

Dans le Journal Officiel du 7 octobre 1942, information reprise par le quotidien régional L’Eclair du 29 novembre 1942, figure dans une liste de dignitaires du Grand Orient de France, « René Léon Joseph MONOT professeur au lycée, Montpellier ».

https://ressourcespatrimoines.laregion.fr/.

Certes, le Journal Officiel du 10 juin 1943 a rectifié cette liste en admettant que René Léon Joseph MONOT n’avait pas été rapporteur au congrès (des francs-maçons) de 1934 et a été porté à tort dans la liste des dignitaires.

Mais on imagine l’angoisse de cette famille jetée en pâture à l’opinion publique pendant des mois et peut-être exposée à des représailles.

René MONNOT est décédé à Montpellier le 5 mai 1964.

Maria COIG est décédée dans la même ville le 25 septembre 1968.

Joseph Pierre (Jose Pedro) COIG est né le 12 octobre 1896 à Buenos-Aires.

Joseph sera mécanicien, représentant, garagiste.

Dans les années 1930, il a été le gérant du Garage du Foirail, à Pau

À l’évidence, il maîtrisait sa communication, comme on aurait dit aujourd’hui et « avait la côte » auprès des journalistes locaux.

Ainsi, en mai 1929, il participe au troisième circuit automobile du Béarn organisé par l’Indépendant des Basses-Pyrénées.

Il n’était pas candidat dans la course ; mais, lors de la première étape Pau – Oloron, il a conduit la « six Berliet » du journal, avec un brio remarquable, nous apprend un journaliste enthousiaste dans l’édition du 20 mai 1929.

On retiendra que cette étape a été gagnée par un certain RIERA sur « Elvish Fontan ».

Le 7 avril 1931 à Pau, Pierre se marie avec Marie-Jeanne DARRIBÈRE-SAINTONGE (1909-2008), fille de Dominique DARRIBÈRE-SAINTONGE boulanger et Marie MULÉ sans profession.

Les témoins sont : Henri MASSARD représentant de commerce et Eugène TOULET mécanicien, domiciliés à Pau.

Le 4 août 1933, l’Indépendant annonce dans la rubrique sportive et à la rubrique « Echos et Potins » la naissance de sa fille Renée.

Joseph Pierre COIG est décédé le 16 août 1948, à l’âge de 51 ans, à Pau, 31 avenue de la Résistance.

Sur l’avis de décès de Marie-Jeanne DARRIBÈRE-SAINTONGE, paru dans la République des Pyrénées le 18 avril 2008 figurent Mme Renée COIG, Jean-Pierre et Françoise COIG ses enfants, Aurélie et Nicolas ses petits-enfants.

Élise (Elisa) COIG née le 27 septembre 1898 à Buenos-Aires

Attachée à la Banque de France, elle était domiciliée à Pau en 1923, lors du mariage de sa sœur aînée.

Elise COIG est décédée à Montpellier le 29 juillet 1979

Elvire COIG est née le 24 mai 1902 à Pau, maison Lagues boulevard d’Alsace Lorraine n° 121.

La naissance a été déclarée par son père, en présence de deux témoins : Alphonse BOURDÉ 55 ans rentier et Jean ABADIE 64 ans propriétaire.

Elvire est décédée à 87 ans le 17 août 1989, dans une maison de retraite d’Orange (Vauchuse).

Les sources :

J’ai retrouvé la trace des enfants nés à Buenos-Aires sur Généanet : https://gw.geneanet.org/luis29.

Les actes d’état civil français ont été recherchés et vérifiés par moi sur le site des archives départementales des Pyrénées Atlantiques http://earchives.le64.fr/archives-en-ligne/ et/ou auprès des mairies.

Et les quotidiens locaux cités au fur et à mesure.

Je ne sais pas si les deux jeunes frères de Jean-Pierre, Pierre et Delphin, sont revenus en France ou s’ils ont fait souche en Amérique.

Cet article sera peut-être l’occasion de compléter la saga des descendants de Catherine COIG.

Recherches et texte de Nicole Lauda

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