Comment l’histoire a commencé ….
En 2003 j’ai découvert à mon regret qu’une des BD d’Astérix et Obélix que j’avais achetée à Paris dans les années 1960 avait disparu. Mettant un point d’honneur à avoir entre les mains toute la collection originale des Astérix acquise lors de mon séjour à Paris (1967-1968), j’ai essayé de trouver au site d’eBay en France l’exemplaire qui me manquait.
Quelqu’un cherchait à vendre justement celui-là, et je lui ai fait une proposition qu’il a acceptée. Il s’est étonné de découvrir que j’habitais non pas en France, mais en Californie près de San Francisco. Nous avons alors entrepris des négociations pour le mode de paiement, et il m’a demandé qui était ma grand-mère, puisque je portais le même nom que la ville de Pontacq située près de sa ville de Tarbes. C’est le genre de question qui mène à de complexes reconstructions généalogiques.
Gênée de ne pas pouvoir alors répondre à la question de ce charmant vendeur de Tarbes, j’ai décidé d’entreprendre des recherches. Au bout de deux ans j’avais élucidé le trajet migratoire de toute une famille du Béarn en Californie et découvert des parents et de nouveaux amis en France.
Deux personnes m’ont beaucoup aidée à faire ces recherches, à savoir Pierre Xans (décédé maintenant) à Pau et Christiane Bidot-Naude à Bayonne. A l’époque Pierre Xans était à la tête de la Société Généalogique de Pau. Il est venu faire un séjour en Californie du Nord et j’ai eu le plaisir de le recevoir chez moi et de lui faire visiter la région, y compris la ville de San Francisco. Monsieur Xans m’a beaucoupaidée à établir l’arbre généalogique de ma famille, et c’est lui qui a tenu à me mettre en rapport avec Christiane Bidot-Naude, une femme remarquable de Bayonne qui est vraiment l’experte pour les recherches sur les racines familiales dans le sud-ouest de la France.
Voici un lien à l’arbre généalogique de la famille Pontacq/Beuille
http://www.webediting.net/PontacqBeuille.htm
Les familles Pontacq et Beuille en France
Maximien (Jean) Pontacq a épousé Marie Taberne le 12 juin 1879 à Buzy en France. Max était né à Escout le 20 août 1852 dans une famille de fermiers sans argent. Quant à Marie, elle était née à Buzy le 8 juillet 1855 dans une famille de petits propriétaires.
Max, qui travaillait en tant qu’ouvrier agricole près de la grande maison de la famille Taberne, était tombé amoureux de la jeune fille qui allait hériter non seulement de cette demeure, mais aussi d’arbres fruitiers et de terres agricoles dans ce village situé au sud de Pau. Elle tomba également amoureuse de Max.
Peu après, la famille Taberne s’est endettée, obligeant Max et Marie à gagner assez d’argent pour racheter les terres familiales. Ils ont alors conçu le projet de partir à San Francisco en Californie et d’y ouvrir plusieurs blanchisseries françaises. Ils ont donc quitté Buzy pour aller embarquer au Havre pour New York. De là ils se sont rendus en Californie soit grâce à la nouvelle ligne ferroviaire transcontinentale, soit en faisant le voyage en bateau par la pointe de l’Amérique du sud. Le canal de Panama n’a ouvert qu’en 1914, un peu trop tard pour leurs périples entre la France et la Californie au cours de plusieurs années avant leur retour définitif en France. Quel que soit le moyen de transport, les voyages n’étaient pas une petite affaire ! Il faut donc admirer leurs allers et retours entre le petit village de Buzy près de Pau et la côte de Californie. Une fois arrivés à San Francisco, ils avaient rapidement ouvert leur première blanchisserie près du port et de ce qui est maintenant le quartier financier.
Après avoir gagné assez d’argent, ils ont commencé à retourner en France de façon périodique pour s’occuper de leurs terres familiales à Buzy, tout en faisant tourner leurs blanchisseries en Californie. Leurs deux enfants nés à Buzy, Jean Vincent Pontacq le 7 septembre 1881 et Jeanne Marie Pontacq le 10 août 1884 ont fait avec leurs parents les allers et retours entre Buzy et San Francisco. Max, leur père, était un homme charmant ; quant à Marie, leur mère, c’était une femme d’affaires.
Aux alentours des années 1907-1908, ayant amassé assez d’argent, Max et Marie sont revenus en France pour de bon, laissant leurs enfants adultes en Californie. Marie est morte à Buzy en 1929. Max lui a survécu pendant dix ans et est mort à Buzy sur les terres familiales le 13 mai 1939.
Ils sont enterrés tous les deux dans le cimetière de Buzy (dernière tombe contre le mur). Max, ne s’entendant plus avec son fils Jean Vincent, avait laissé les biens familiaux de Buzy à sa fille Jeanne Marie en Californie. Elle les a vendus.
Il est à noter que Max avait la réputation d’être joyeux et dynamique et d’avoir bon cœur et une certaine intelligence. Vers la fin de sa vie, on le disait généreux et prêt à aider les autres, apportant souvent des pommes de son verger aux enfants du village d’après les souvenirs de Mme Chaput de Buzy.
Juste au moment où Max et Marie Pontacq se préparaient à quitter San Francisco pour retourner à Buzy de façon définitive, Baptiste Beuille et ses dix enfants arrivaient à Ellis Island à New York en provenance d’Arbéost dans les Hautes Pyrénées. C’était le 23 février 1907. La liste officielle des passagers ne contient pas le nom de chacun des dix enfants, mais elle contient celui d’Elise Beuille (née le 24 août 1888). Baptiste avait 63 ans à son arrivée en Amérique, et Elise avait environ 18 ans.
En France Baptiste était gardien de chèvres. A 63 ans il n’était plus dans la force de l’âge, mais il avait plusieurs fils et filles pour l’aider. A l’époque il y avait à San Francisco une communauté française florissante qui s’enorgueillissait déjà d’un hôpital patronné par La Société Française de Bienfaisance Mutuelle.
Elise Beuille a fait la connaissance de Jean Vincent Pontacq, créant des liens entre leurs familles.
Jeanne Marie Pontacq, la sœur de Jean Vincent Pontacq, avait déjà épousé François Bouret en France, et elle y avait donné naissance à son premier enfant (Delphine) en 1904. Quant à Jean Vincent Pontacq et Elise Beuille, ils eurent d’abord un fils, né à San Francisco en 1909, qui s’appelait Georges Pontacq.
L’histoire se poursuit en Californie
L’histoire reprend avec le fils et la fille de Max et Marie en Californie et tous les enfants de la famille Beuille. A peu près au moment où ses parents retournaient en France pour de bon, Jean Vincent Pontacq avait épousé à San Francisco Elise Beuille, originaire d’Arbéost dans les Hautes Pyrénées. La progéniture de Max et Marie allait se scinder en deux branches qui, malgré des rapports cordiaux, différaient quant à leurs liens avec le sud-ouest de la France et leur intérêt pour la famille de là-bas. Jeanne Marie allait rester en contact avec ses parents à Buzy, tandis que son frère Jean Vincent allait se détacher de sa famille en France.
Notons au passage qu’un des fils Beuille de la seconde génération avait épousé une des filles de la famille Paul, et qu’Edouard Pontacq avait épousé Mildred Paul. La famille Paul, typiquement américaine, était d’origine irlandais/anglaise/écossaise/hollandaise. Pendant des années il y eut des liens étroits entre les grandes familles Pontacq/Beuille/Bouret/Paul.
La famille Beuille
Le clan des Beuille venait d’une belle vallée étroite des Pyrénées à la frontière du Béarn et des Hautes-Pyrénées, où se trouvaient les villages de Ferrières et d’Arbéost.
Ces villages de montagne dans la vallée de l’Ouzoum étaient (et sont encore) isolés et la vie y était difficile en hiver. Après que Baptiste Beuille soit devenu veuf, sa femme Anne Cazanave étant morte, leurs dix enfants quittèrent rapidement la vallée pour émigrer en Amérique.
Je dois dire que pour ma part (c’est Jeanette Marie Pontacq qui parle), après un séjour de plusieurs semaines chez ma charmante cousine Mimi Tort-Poulou à Cazanave dans cette belle vallée isolée, je comprends parfaitement la décision de Baptiste de partir en Californie avec ses enfants une fois devenu veuf. La vallée présentait peu de ressources pour la grande famille de Baptiste, tandis que la Californie représentait le rêve.
La famille Pontacq
Jean Vincent Pontacq fit plusieurs métiers dans sa vie. Entre autres, il ouvrit (sans succès) un restaurant à Seattle et fut chercheur d’or en Alaska. Il finit par ouvrir une épicerie au coin de la 33e rue et de la rue Irving à San Francisco – son métier le plus long. La machine qu’il avait achetée pour couper le saucisson lui coûta un doigt. Sa femme, une personne triste et d’un abord difficile, mourut prématurément en 1947. Leur fils George, qui n’était pas heureux et devint toxicomane, mourut d’overdose en 1968 dans une maison close rue Clipper à San Francisco.
Jean Vincent Pontacq et Elise Beuille n’eurent pas une union heureuse à San Francisco. Ce n’était pas un homme facile, mais Elise est vite devenue malheureuse et même paranoïaque. Ils eurent deux enfants qui ne se ressemblaient guère : George M. Pontacq (né en 1909) et Edward Joseph Pontacq (né en 1910). A mesure qu’Elise devenait de plus en plus paranoïaque, Jean devenait de plus en plus libertin et imprévisible. Un jour Elise frappa le jeune Edouard avec un gros morceau de bois, le rendant sourd d’une oreille pour le reste de ses jours. Ce n’était pas une famille heureuse.
Jean Vincent mourut dans leur appartement de la 33e rue dans des circonstances peu ordinaires : une de ses maîtresses lui ayant volé sa chère Cadillac, il se mit à l’injurier dans la rue devant la demeure familiale, tandis que Mildred et Edward Pontacq le poussaient à rompre avec elle. Il mourut d’une crise cardiaque provoquée par la gêne et le chagrin qu’il éprouva.
Edward Pontacq suivit le droit chemin, ayant vu son père et son frère prendre ce qu’il voyait comme des chemins adverses. Heureusement il rencontra et épousa Mildred Paul, née en 1910.La famille Paul, beaucoup plus ouverte et affectueuse que la sienne, fit grand bien à Edward. Il aimait particulièrement la mère de Mildred, Mildred Donahue Paul (surnommée Nana dans la famille) chez qui il se rendait presque quotidiennement rue Clipper pour prendre le café et bavarder – tout au long de sa vie active avec Ma Bell (AT&T)
Edward avait pour modèle la vie misérable des paysans en France. Il ne pouvait jamais se résoudre à dépenser l’argent qu’il avait en Californie. Sa vie était modelée sur celle des paysans pauvres et isolés des Pyrénées en France.
De son vivant, la maison qu’il possédait dans le quartier Sunset de San Francisco était mal meublée parce qu’il ne voulait jamais dépenser pour avoir plus de « confort » ou « bon genre ». Quand il est mort d’une crise cardiaque à l’âge de 66 ans, sa femme a eu du chagrin, mais elle a vite changé l’ameublement de la maison pour s’adapter au temps présent.
Edward et Mildred Pontacq ont eu deux filles, Carolyn (née en 1940) et Jeanette (née en 1943). Deux des grands regrets d’Edward étaient de ne pas avoir de fils et de n’avoir pas pu faire des études universitaires à cause de la Dépression. Mais c’était un bon père de famille qui soutenait toujours ses enfants même quand il n’était pas d’accord. Mildred, sa femme, issue de la famille Paul si affectueuse, avait du mal à entretenir de bons rapports avec sa belle-famille Pontacq si difficile, surtout qu’elle le faisait souvent seule car Edward essayait de ne pas s’en mêler.
Carolyn Pontacq a épousé James Lavaroni, un Américain d’origine italienne qu’elle a rencontré à une petite université de la Baie de San Francisco et dont la famille avait beaucoup de biens dans la région. Donc elle savait qu’elle allait devenir riche. Sa sœur Jeanette, pour sa part, était à l’université de Californie à Berkeley au moment du « Free Speech Movement » et des manifestations contre la guerre du Vietnam ; elle se trouvait aussi à Paris en 1968. Ce sont deux sœurs qui ne se sont jamais entendues.
Le nom de famille « Pontacq » va cesser d’exister à la mort de Jeanette Marie Pontacq, qui a conservé ce nom même quand elle s’est mariée, contrairement à sa sœur qui a pris le nom de son mari. Le nom de famille « Beuille » se perd lui aussi.
Le côté français de la famille, qui remonte aux chers Max et Marie ainsi qu’à Baptiste Beuille, va donc disparaître. Il y a maintenant peu de personnes qui connaissent leur histoire et leurs origines. C’est triste, mais ça fait intégralement partie à la personalité changeante de la Californie.
Texte en français écrit par Jeanette Pontacq et Jacqueline Lindenfeld, présidente de l’Alliance française de Santa Rosa Californie
Bonjour, J’ai été trés surpris de voir mon nom de famille apparaitre dans cet article. En effet nos origines familiales sont, des dires de ma grand-mère, Jacqueline Arnaud épouse Beuille, du coté de Lourdes (65). Je ne sais pas si il existe effectivement un lien direct avec les personnes dont vous parlez dans cet article mais en tout cas ce fut un plaisir de le lire. Je suis un peu parti en Amérique le temps d’une lecture. Mon Grand-père ce nommait René Beuille et ses parents semble avoir été de SAINT JEAN PIED DE PORT. Ils ont eu 4 Garçons qui tous portaient ce nom. voila pour l’historique rapide des Beuille de 2013.
Merci pour votre commentaire , je l’envoie à mon amie californienne Jeanette Pontacq . Je pense qu’il y a de fortes chances pour que ce soit la même famille BEUILLE car Ferriere et Arbéost ne sont pas bien éloignés de Lourdes .
Cordialement
Christiane Bidot Naude
Bonjour,
J’ai moi aussi voyagé et découvert que votre famille était une branche de celle de mon mari dont je fais l’arbre. Ils étaient originaires de Ferrières.
Cordialement,