Mon blog a dix ans et 170 histoires d’émigrés, de nombreuses autres sont en attente mais je privilégie les recherches.
L’émigration, ma passion depuis plus de 20 ans !
En premier, je remercie mon mari de m’avoir offert un grand-père né en Uruguay et mon fils Stéphane qui voyant mes aptitudes en informatique se charge de publier.
Tout a commencé, par la rencontre de deux hommes dont je tiens à honorer la mémoire : Michel Cazabat et Pierre Xans, tous deux membres du CGPA.
Michel passionné de généalogie et féru en informatique m’a initiée aux logiciels, aux recherches, aux différents sites et surtout il était devenu un ami très cher et même un cousin d’après nos recherches. Son départ prématuré à 48 ans m’a beaucoup affectée ainsi que de nombreux membres de l’association.
Quand j’ai connu Pierre Xans alors président du CGPA le courant est passé aussitôt et nous avons décidé de travailler ensemble. Xans, comme je l’appelais, alors qu’il soutenait que je ne savais pas prononcer son nom, avait une tête bouillonnante d’idées. L’émigration pyrénéenne le passionnait bien qu’il n’ait aucun émigré dans sa famille mais c’était un homme intelligent et précurseur sentant les thèmes à venir. Effectivement avec l’explosion d’Internet et de Facebook, chacun cherchait son cousin américain et tous les Latinos rêvaient de retrouver leurs racines.
Et nous nous sommes lancés dans les recherches « Il faut que l’on devienne incontournable » me répétait-il. Ce fut l’apogée grâce à la pétillante Claudine Sibers du Conseil général, les descendants d’émigrés en visite dans la région, recevaient des bérets, blancs pour les dames, noirs pour les messieurs. Ce fut l’époque où nous rencontrâmes de nombreuses personnes qui sont devenues des amis : Josefina Montes, Maria-Marta Quinodoz, Carlota et Hector, Graciana Erriest d’Argentine et surtout la californienne Janette Pontacq. Pierre faisait les recherches, il écrivait aux dames et lorsqu’elles venaient il les amenait chez moi. Tout se passait dans une ambiance très sympathique.
Autre rencontre déterminante : les Mosqueteras : Nicole Lagouarde, Josette Solan, Miquette Stocklet et moi, c’est le nom que nous donnaient les Latinos. Nous n’avions pas de limites, nous photographions les registres du CADN à tour de bras c’était une joie de travailler ensemble de partager une passion. Sans oublier Daniela Massolo qui a su faire fructifier tout cela dans son site Genfrancesa.
Et enfin pour devenir incontournable ou au moins utile, il a fallu répertorier, faire des listes et surtout publier dans un site, pour cela j’ai eu l’aide et l’amitié d’Anna Lalanne et de Roland Antalick.
Socialement l’émigration m’a ouvert des horizons dont je n’osais même pas rêver : être attendue par 3 ou 4 personnes aux aéroports de Buenos Aires, de San Francisco, de New York ou à la descente du buquebus à Montevideo, visiter la Californie et ses parcs, s’extasier devant les spectacles de Las Vegas, déguster des fruits de mer à Valdivia, le cordero patagonico à El Calafate, los tamales à Humahuaca, prendre le « tren a las nubes » à Salta etc, etc…
A cette époque je pouvais aller de Vancouver à Punta Arenas sans réserver un hôtel ; ma maison est vaste et j’ai reçu de nombreuses personnes dans la plus grande simplicité ; chez moi, la hiérarchie n’existe pas.
Il y a aussi ceux qui ne sont jamais venus mais qui écrivent : Abigail de Basse Californie, Clarita et Yudekis de Cuba, Lucia Escande, Monica Cadaillon, Alberto Chanquet toujours le premier à envoyer ses vœux, Norma Simon, Béatriz Larriesta, Mirta Bide, Maria de los Angeles Laher et mes chers Uruguayens : Adriana Lustó, Sergio Posada, Myriam Manaugau et Mercedes Supervielle etc, etc…
J’ai parcouru le Pays Basque et le Béarn en compagnie de Mexicains, Chiliens, Argentins, Uruguayens, Péruviens, Californiens, Canadiens…en Clio dont certains n’avaient jamais eu le plaisir de goûter au confort très relatif.
Pour le Pays Basque, un merci particulier à Noël Elhorga qui est toujours là pour aider à traduire ou autre.
Que de souvenirs avec Francisco Andragnès enregistrant tout, sachant tout, connaissant jusqu’à l’emplacement des tombes au cimetière de Saint Jean Pied de Port; avec Victor Pelaez rencontrant son cousin Yves à Cardesse, avec Zelce Mousquer et sa joie à Athos Aspis, avec la surprise de Marlène la Péruvienne découvrant la photo de son aïeul dans une salle de Chemins Bideak, avec les larmes de Liliana Errecalde à Ossès, avec Alicia Sempé qui voulait venir vivre à Pontacq, avec Adela Epherre étonnée de rentrer dans la maison en traversant l’étable à Barcus. Et tous les autres, cherchant une tombe, cueillant une fleur, ramassant une pierre, en plus des innombrables photos de la vieille maison, si elle existe, du puits qui ne sert plus, du linteau en Pays Basque. N’est-ce pas Francisco « Andragnes 1654 » plus qu’émouvant, rare, splendide ? Susanna Pervieu, te souviens-tu de ton hésitation à toucher la porte à Banca ?
Mais c’est surtout Janette Pontacq qui m’a marquée : une femme passionnée de tout, de littérature française, de politique, d’histoire, de montagne, randonneuse infatigable et pleine de joie de vivre ; elle venait presque chaque année et se sentait béarnaise de Buzy.
La plus triste des découvertes fut celle de la Vénézuelienne Isabel à qui j’ai hésité à annoncer que son grand-père était un bagnard échappé du bagne de Cayenne condamné pour meurtre, Isabel qui est l’amour même, a beaucoup pleuré mais « je l’aime toujours, m’écrivait-elle, il fut un si bon grand-père ». Il avait 16 ans et était un enfant abandonné par sa mère remariée.
La plus belle : deux frères partis d’Aren, 16 et 14 ans, sont embauchés par des patrons différents à la sortie du port de Buenos Aires, ils ne se sont jamais revus bien que le plus âgé ait beaucoup cherché son cadet. Les familles se sont retrouvées grâce à mon blog.
La plus surprenante : des Mexicains venaient à Serres Castet visiter le village de leur ancêtre, j’avais averti la famille Jaymes sensée être parente mais personne n’avait entendu parler d’un membre parti au Mexique. Rencontre à 4 h, le soir ils mangeaient ensemble, les Béarnais ont fait le voyage à Veracruz et les Mexicains reviennent tous les deux ans. Salut Bonnie qui m’attend toujours à Hermosillo !
La plus longue avec Victor pour retrouver l’acte de décès de la belle Filomena sa bisaïeule. Reparti au Mexique en laissant femme et enfants au Béarn, le mari apprenant son infortune est venu récupérer les enfants ; dans la famille mexicaine il y avait un grand secret : Filomena était devenue folle. Après avoir trouvé la naissance et le triste destin de l’« enfant de l’amour » nous avons épluché les registres des asiles, des couvents, des hôpitaux,,,quand au bout de sept ans, Victor a retrouvé le décès de Filomena au Mexique, tout simplement.
L’émigration a changé ma vie ; j’ai rencontré des personnes pour qui j’ai beaucoup d’affection : Josefina de Buenos Aires qui a souvent été ma compagne de voyage, Janette de San Francisco qui vaincue par la maladie m’a demandé de l’accompagner en Suisse pour son dernier voyage, heureusement elle a trouvé des Boudhistes ; Victor, le poète rêveur mexicain qui se gèle au Canada et l’incomparable et infatigable Suédois, Marcos Cantera, qui après un an de recherches et de courriers presque quotidiens n’admet pas, ne pas tout savoir sur ses ancêtres de Baïgorry. Courage Marcos, quel dommage que tu écrives ton livre en suédois !
Tous ces gens sont loin des yeux mais grâce à mes travaux sur ce sujet, je fais partie de la Fédération de Généalogie, de ses réunions animées par André Arriau et son humour, suivies de la garbure au « quiller » avec Annie Sabarots, Patrick Rezola, Marc Le Chanony et tous les autres sans oublier Noël Maignan notre photographe. A la Fédération, il manque Pierre Tresarrieu avec qui j’avais commencé les panneaux sur l’émigration ; lors de ma dernière visite sur son lit de douleur, je lui avais promis que nous les terminerions mais …
Vingt ans, dix ans passent vite, trop vite, je n’aurai jamais le temps de tout faire…
Chère Christiane:
Je t’envoie des salutations très chaleureuses et merci infini pour partager tant de choses avec des gens que parfois tu n’as même pas l’occasion de rencontrer en personne.
Je remercie d’avoir dit « Merci beaucoup » dans un formulaire de contact qui semblait presque anonyme, et où je demandais des informations sur un ancêtre, sur ton blog https://www.emigration-pyrenees.fr/.
Et c’est toi qui étais derrière.
Je suis inspirée et touchée de lire ton récit de ta passion pour l’émigration; les vies que tu as aidé et enrichi et celles ajoutées à ta vie.
Félicitations pour tes 20 années de recherche et d’apprentissage dans les profondeurs du temps humain. Tout ce que tu as contribué à reconstruire et à mettre en lumière.
Merci beaucoup pour tout Christiane.
Un abrazo grande d’Argentine, toujours. <3
Lilia Tubía Garmendia