Émigrés morts au combat

L’Uruguay et son histoire

L’Uruguay est un petit pays d’Amérique du Sud (180 000 km2) coincé entre deux géants l’Argentine et le Brésil. Son histoire et son économie dépendent de ses énormes voisins.

Après sa lutte contre l’Empire colonial espagnol, José Artigas (1764-1850) est le héros fondateur de la Republica Oriental (Uruguay), mais pendant tout le XIXe siècle, l’Uruguay sera en proie à des combats « La Guerra Grande» dus à la discorde civile et à l’intervention des puissances britannique, française et argentine. En 1842, les Européens se retirent, le président uruguayen Oribe, exilé à Buenos Aires, aidé par les troupes argentines essaie de reprendre le pouvoir ; il réussit à prendre le contrôle de la campagne mais Montevideo résiste et son siège durera de février 1843 à octobre 1851. C’est alors que se crée La Légion Française de Montevideo.

« En ce début d’année 1843, les 2/3 des habitants de l’Uruguay étaient d’origine étrangère, et la moitié d’entre eux, soit une personne sur trois, était un français le plus souvent né dans le bassin de l’Adour ou dans une vallée pyrénéenne. Les Français et les Italiens de Montevideo sont les premiers à vouloir s’organiser pour défendre leurs familles et lutter par leurs propres moyens contre les menaces des assiégeants « La presse diffuse les horreurs de l’invasion : l’égorgement à Salto de Ferré, ancien militaire, originaire de St Gaudens, l’exécution au « Paso de Los Toros » de Pierre Laraud et de sa famille… Des réfugiés basques, béarnais ou bigourdans qui ont dû tout quitter, arrivent de l’intérieur du pays dans l’épouvante ». Les journaux de langue française de Montevideo, et en particulier le « Patriote français », et ses fondateurs, Auguste Dagrument et Jean Chrysostome Thébaut ont joué un rôle considérable dans la création de la Légion Française. »

Histoire de la Légion française de Montevideo

Ce régiment constituait l’essentiel des forces « Colorado » (libéralisme) soit 2500 légionnaires français sous les ordres du colonel Thébaut, 500 légionnaires italiens commandés par Garibaldi (les chemises rouges), 500 émigrés argentins, 1400 noirs émancipés pour l’occasion et 800 gardes nationaux uruguayens… soit un total de 5000 hommes opposés aux 7000 assiégeants « Blanco» (conservatisme) et argentins. En tant que corps spécifiquement français la Légion Française a connu à peine 14 mois d’existence : entre février 1843, date de sa fondation et avril 1844 date de sa dissolution dans l’armée uruguayenne.

« En effet, alors que la flotte argentine bloquait le port de Montevideo et que les troupes confédérées argentines avançaient sur la capitale, un premier corps de « volontaires français » avait été créé, avec un encadrement de marins de la « royale » et le concours de leur armement. Ce régiment avait été placé sous le commandement du propre frère du consul français de Montevideo.

Le 4 avril 1843, Thébaut, était élu commandant du régiment les « Défenseurs de la liberté » par les acclamations de ses compatriotes, les boutiquiers et artisans de Montevideo. Il prend la tête de ses hommes et drapeau uruguayen au poing, il s’en va offrir au Général Paz, le concours des volontaires français pour la défense de la ville. Les défilés, scandés par la Marseillaise redoublent. Le 9 avril, les tambours de la Légion Française battent le rappel dans tout Montevideo. Les volontaires, armés tant bien que mal se forment en compagnie derrière leurs capitaines tout fraîchement élus.

Entre son baptême du feu à la sortie du 2 juin 1843 et le combat des « Tres cruces » du 24 avril 1844, la Légion Française de Montevideo a participé à de nombreux engagements. Beaucoup de volontaires ont été tués en pleine action, par balles ou coups de lances. D’autres ont été décapités après avoir être faits prisonniers. D’autres enfin sont décèdes à l’hôpital français au cours d’opérations faites sans anesthésique, la nuit à la chandelle. L’hiver 1843 avait été particulièrement rigoureux, les Français de tous âges n’avaient pas de capote et mouraient de maladie, de scorbut ou de typhus. En effet la ville assiégée était dépourvue de viande, d’eau potable de bonne qualité et de bois à brûler.

Pendant les 8 ans, sept mois et 19 jours du siège de Montevideo, 5000 à 6000 volontaires Français seraient morts aux combats ou de leurs suites. Le père Claude Marie Bracinnay, historiographe et aumônier de la Légion Française s’était chargé de dresser un inventaire des disparus. En 1866, le Colonel Aguiar, Préfet de Montevideo, avait aidé les anciens légionnaires français à retrouver les restes de leurs camarades torturés et massacrés par les assiégeants à la suite de la malheureuse sortie du 28 avril 1844. 72 corps, dont 40 décapités, furent retrouvés. Ils furent inhumés le 29 avril 1844, dans la tombe agrandie du Colonel Thébaut, en présence d’une grande assistance et de nombreuses autorités uruguayennes et françaises. D’autres cérémonies eurent lieu en 1888, 1892, 1894, 1909, et enfin en 1936 lors du transfert des restes au Cimetière du Buceo à Montevideo.

Source : Le site de Lionel Dupont www.lidupont.perso.cegetel

Emigrés pyrénéens décédés au combat

NOM Prénom Lieu de Naissance Départ Année Cause du décès Age
ADAM Jean Baptiste St Jean de Luz 64 1844 Prisonnier égorgé
BAZERGUES Jules Bizous 65 1843 Balle 20
BIDEGAIN Dominique Bunus 64 1844 Coup de lance 30
BIDEGAIN Jean 64 1844 Prisonnier égorgé
BAZERGUES Jules Bizous 65 1843 Balle 20
BIDEGAIN Dominique Bunus 64 1844 Coup de lance 30
BIDEGAIN Jean 64 1844 Prisonnier égorgé
BRAU Jean Oursbelille 65 1844 Prisonnier égorgé 20
BRIE Hippolyte St Jean Pde Port 64 1845 Boulet
CABANNE Auguste Baudreix 64 1844 Prisonnier égorgé 24
CABILLON Bernard Louhossoa 64 1844 Suicide champ de bataille 27
CALONCE Pierre Ainhoa 64 1844 Balle, amputation 17
CARACOTCHE Sébastien Agnos 64 1844 Balle 46
CAPDEPONT Arnaud Domezain 64 1844 Balle 32
DANGAYS Annibal Viscos 64 1844 Balle 18
DARRAS Bernard Arneguy 64 1844 Prisonnier égorgé 40
DERCAM Mont de Marsan 40 1844 Coup de lance 26
DUGROS Jean Morlanne 64 1844 Balle 24
DUHALDE Jean Méharin 64 1844 Prisonnier égorgé 24
DUHALDE BORDE B Ordiap 64 1843 Balle 28
DULAC Antoine Mingot 65 1843 Balle et tétanos 47
DULAC Dominique Auch 32 1843 Tué 45
TAFERBABERRY Jean Lacarre 64 1844 Prisonnier égorgé
ETCHARREN Pierre St Jean Pied de Port 64 1844 Balle 30
ETCHEVERRY Laurent Armendaritz 64 1844 Tué 23
ETCHEVERRY Pierre Baïgorry 64 1844 Balle 25
EYARTE Martin 64 1848 Massacré et mutilé 50
FERRAND Raymond Sousse 65 1844 Balle 20
FONSANS André 65 1844 Prisonnier égorgé
FRANCOIS Joseph Lagos 64 1844 Prisonnier égorgé 18
HAURY Jean Castetis 64 1844 Balle 22
IDIART Dominique Hasparren 64 1844 Boulet de canon 19
LAGOT Arnaud Aussurrucq 64 1844 Balle 32
LARRALDE Salvat Louhossoa 64 1847 Balle et coup de lance
LACASTEGUY Pierre Lacarre 64 1844 Boulet 26
LATAPIE Jacques Andrest 65 1844 Prisonnier égorgé 20
LECUMBERRY Jean Hasparren 64 1844 Tué 20
LECUMBERRY Jean St Pée 64 1844 Coup de lance 45
MENE Jean Baptiste Oloron 64 1848 Balle 22
MINVIELLE Paul L’Hospital.d’Orion 64 1844 Prisonnier égorgé 24
POURTAU Bernard Balansun 64 1844 Prisonnier égorgé 24
REBEILLE Jean Souës 65 1844 Prisonnier égorgé 22
RECALDE Pierre Barcus 64 1843 Balle 24
SOUVELET Pierre Itxassou 64 1843 Balle 48

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *