Bourdieu François « Frank »

Escot

François Bourdieu est né à Escot, un village pyrénéen de la Vallée d’Aspe, le 1er août 1853 ; il est le 4ème fils de Joseph Bourdieu, 38 ans, journalier et de Catherine Sartiat-Cavalié, 33 ans.

Ses parents se sont mariés à Escot dont ils sont natifs l’un et l’autre le 28 janvier 1845.

Joseph, 25 ans, est le fils de feu Grat Bourdieu et de Madeleine Bounine ; Catherine, 26 ans, est la fille de Jean Sartiat-Cavalie, médaillé de Sainte Hélène et de feue Marguerite David Lacanau.

« La médaille de Sainte Hélène, crée par Napoléon III récompense les 405 000 soldats vivant encore en 1857 et qui ont combattu aux côtés de Napoléon 1er pendant les guerres de 1792 à 1815 » (Geneanet Nicole Lauda).

Joseph et Catherine s’installent au hameau d’Escot où Joseph gagne sa vie comme journalier ou charbonnier selon les saisons.

Des enfants naissent : Jean en 1846, Marguerite en 1847 qui décédera à 18 mois, autre Marguerite en 1851 puis François en 1853, suivi de Magdeleine en 1855 et enfin Grat en 1858 qui mourra à 16 ans en 1875.

Joseph Bourdieu décède en 1878 à Escot, il a 59 ans. Catherine Sartiat-Cavalié mourra en 1887 à 61 ans.

A Escot, nous ne trouvons que la trace de Magdeleine qui épouse à 21 ans, en 1875, Jean Pierre Camsusou, 51 ans, de trente ans son aîné. Le nouveau couple s’installe dans la maison Bourdieu au quartier Barescou ce qui sous entend que l’aîné Jean, n’a pas atteint l’âge adulte sinon ce serait lui l’héritier. Magdeleine a plusieurs enfants dont un couple de jumelles et un couple de jumeaux ; certains meurent bébés mais une des jumelles Marie Eulalie épouse François Bordes en 1897 ; leur fille Anne née en 1898 se marie et décède à Aignan dans le Gers en 1967. Un des jumeaux Jean Pierre est tué à la première guerre mondiale en 1915.

 

Franck en Californie

Toute l’histoire qui suit est le résultat des recherches de la descendante Kathleen Butler.

François émigre avant 1873 puisqu’il est absent au Conseil de révision de la classe 1873. Nous ne savons rien sur son voyage mais en septembre 1876 il demande la nationalité américaine, en octobre 1876, il est citoyen Américain. En 1884, il est inscrit sur les listes électorales comme agriculteur. En 1886 à los Angeles, il épouse Cécile Breuzin.

Cécile Breuzin est née à Los Angeles, elle est la seconde fille de deux émigrés parisiens : Stanislas Breuzin et Marie Serrot mariés en 1863 à Los Angeles. Stanislas Breuzin est venu en Californie attiré par la soif de l’or mais il s’installe à Los Angeles où il exerce le métier de ferblantier ; à 35ans il épouse Marie qui n’a que 15 ans.

Dans les années 1850-1860, Los Angeles est une petite ville d’environ 5 000 habitants, dangereuse, sauvage et anarchique. Une petite mais très active communauté de Français y est installée dès sa création, communauté qui grossit régulièrement au cours de vagues successives d’émigration.

Les deux filles Marie et Cécile Breuzin épousent des Français émigrés des années 1870 : Marie épouse Auguste Dalland et Cécile Franck Bourdieu.

A los Angeles, Cécile et Franck ont deux enfants : en 1886 Henry, le grand père de ma correspondante Kathleen Butler et Louise en 1888.

En 1890, les familles Dalland et Bourdieu s’installent au nord du Comté de San Diego dans un lieu appelé Vista. Vista est un bourg de campagne, la nature y est sauvage, inexploitée et peu hospitalière ; quelques ranchs d’élevage de bétail et de petits vignobles ont été mis en exploitation. Franck et Cécile ne possédaient pas de terres, ils étaient colons et travaillaient pour des propriétaires en espérant pouvoir en acquérir grâce à leur travail. C’est à Vista que naissent les jumeaux, Edmy et Aimée en 1891 ; le dernier enfant Lawrence arrivera en 1893. Ce fut une période difficile pour le couple, avec cinq enfants Cécile ne pouvait pas travailler, seul Franck assurait la survie de la famille, ils vivaient dans des conditions matérielles rudimentaires, sans aucun confort ; habitaient-ils réellement dans une maison ?

En octobre 1899, Franck a un contrat de travail saisonnier dans une grosse exploitation située dans les falaises au dessus de le ville de Escondido il est embauché pour les vendanges. Son travail consiste à conduire un des chariots descendant la récolte de raisin depuis le ranch bâti en haut de la colline jusqu’à la ville où le raisin sera écrasé. Le chemin est étroit, très escarpé et la pente est rude obligeant le cocher à garder une main serrant le frein et de tenir les rênes seulement de l’autre. Malgré un rythme très lent le mauvais état du chemin rend la descente de ces chariots périlleuse. Tout à coup, une roue avant heurte et s’enfonce dans un énorme nid de poule, la secousse déstabilise le chargement qui penche vers le vide, Franck perd l’équilibre et projeté hors du siège, il tombe en arrière sur la route.

Le conducteur du chariot suivant, témoin de l’accident, dit avoir vu la roue passer sur la tête de Franck. Ce n’était qu’une illusion d’optique. Franck est décédé suite au choc de sa tête sur le sol dur du chemin. Il est mort sur le coup sans reprendre conscience. Les journaux locaux, avides de faits sensationnels, ont raconté que la roue du chariot avait écrasé sa tête, ce qui a déclenché une enquête et fait les gros titres des journaux, c’est ainsi que nous connaissons les circonstances exactes du décès de Franck. Il n’avait que 46 ans.

Le corps de Franck a été inhumé dans la cour principale de la Mission San Luis Rey de Francia.

« Les Missions espagnoles en Californie ont été fondées depuis le milieu du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle. Mission San Luis Rey de Francia a été fondée en 1798. Elle est tombée en désuétude. Dans les années 1890, la mission et l’église ont subi une restauration. En 1893, l’église de la mission fut re-consacrée une fois de plus. La restauration très bien faite des raisons pour laquelle elle attire de nombreux touristes. Je l’ai visité plusieurs fois, mais lors de mes visites, je ne savais pas que j’ai eu un ancêtre nommé Frank Bourdieu. Je n’ai jamais remarqué la tombe. Lorsque j’ai commencé des recherches sur mes ancêtres, j’ai appris sur Frank et découvert qu’il était enterré à la mission parce que l’information est en ligne. Mon frère vit à Vista depuis de nombreuses années, mais jusqu’à récemment il ne savait pas que nos ancêtres ont vécu là. »

Au cours de l’enquête, le juge questionne Cécile, la veuve, pour savoir si elle a de l’argent pour les funérailles de son mari et pour survivre avec ses enfants. Elle n’a pas d’argent ni pour enterrer Franck ni pour survivre et ne peut compter sur aucun soutien matériel. Le juge pose des questions sur ses enfants et quand il apprend que l’aîné Henry a 13 ans il déclare qu’il est assez grand pour travailler. Cécile ne veut pas que son fils quitte l’école mais elle n’a pas le choix.

Peu de temps après, la petite famille revient à los Angeles où Henry exerce le métier de plombier, et conformément à la tradition familiale il épouse Helen, une jeune fille parlant le français. Elle ne vient pas de France, elle est Canadienne. Henry et Hélen ont trois enfants : Vivienne la mère de Kathleen, le petit Henry dit Hank et Donald qui n’était pas né lorsque la photo a été prise.

Louise rompt avec la tradition et se marie avec un riche immigrant italien.

Aimée et Edmy , les jumeaux ont eu des vies intéressantes. Aimée a pu étudier au Collège et elle est devenue professeur d’art. Elle a enseigné de nombreuses années dans un Lycée de los Angeles. Elle est devenue un peintre reconnu et a influencé de nombreux jeunes artistes. Ici deux de ses peintures : Women in the sun et Bicycle ride. Elle est restée célibataire et a vécu jusqu’à 80 ans elle est décédée en 1971, Kathleen l’a connue.

Après des débuts difficiles où il a souvent frôlé les ennuis, Edmy a fini par trouver sa voie dans l’horticulture. Il a fait breveter un arbuste hybride qui est devenu très prisé en Californie du Sud. Il s’est marié plusieurs fois mais il n’a pas eu d’enfants.

Le plus jeune Lawrence a été « le mouton noir « de la famille Bourdieu. Il devait être un très bel homme charmeur. Adepte de la société de consommation des années 20, il a commencé par escroquer de petites sommes aux caissiers puis il est devenu accro à la morphine et à l’héroïne. J’ai connu ses addictions en lisant ses dossiers d’emprisonnement.

« Avant de m’intéresser à mes antécédents familiaux, je ne savais rien des Bourdieu. Je n’ai jamais connu mon grand père Henry mort avant ma naissance et celle de mes frères et sœurs. Je savais que mes ancêtres étaient vaguement « Français » mais je pensais que cela venait de la branche canadienne de ma grand-mère. Je n’avais aucune idée que Franck venait des Pyrénées et que Stanislas a fait partie de « la ruée vers l’or ». Maintenant je suis fascinée par les débuts de la Californie et surtout l’influence des immigrants français »

Kathleen Butler. Los Angeles. Californie

Los Angeles

C’est en 1850 que la ville devient la capitale du comté du même nom. La petite commune n’est alors qu’une simple bourgade de l’Ouest américain, avec ses saloons, ses salles de jeux et ses routes encore en terre.

Le chemin de fer arrive en 1876 et la liaison directe avec la côte Est, réalisée en 1885. La culture des agrumes, en particulier des oranges, fonde la renommée de la cité jusqu’à New York. Elle passe alors de 2 300 habitants en 1860 à plus de 50 000 en 1890 et atteint 100 000 habitants en 1900. La découverte de gisements de pétrole au début du XXe siècle provoque un nouvel afflux de population. La ville s’agrandit rapidement en annexant les municipalités voisines. L’industrie aéronautique y prend son essor. Wikipedia

Une réflexion sur « Bourdieu François « Frank » »

  1. De San Fabian Valérie

    Bonjour je vous lis avec intérêt et attention car mon grand père maternel né en 1921 s’apellait François Bourdieu comme son parrain dont il m’a toujours dit que celui-ci était parti en Amériques où il se faisait appeler Frank. Mon grand père était né a Arudy dans les Pyrénées (France) en Vallée d’Ossau mais il me disait que ses ancêtres venaient de l’autre Vallée, la Vallée d’Aspe, plus précisément du village d’Escot. Il me disait que son parrain avait gagné son premier argent en participant a des rodéos puis qu’il avait acheté une blanchisserie. J’ai 48 ans. Mon grand père est décédé en 1996 et toutes ces histoires sont devenues imprécises dans mon souvenir. Je suis entrain de faire notre arbre généalogique et en consultant les archives départementales du 64 (Pyrénées atlantiques anciennement basses Pyrénées) j’ai aperçu les actes de vos ancêtres…..

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