Bernard Barranguet-Loustalot est né à Lurbe, en vallée d’Aspe, le 6 avril 1877, il est le fils de Louis Barranguet Loustalot et de Marie Capdaspe-Couchet « qui l’a mis au monde quelques heures avant sa mort ». Louis Barranguet Loustalot et Marie Capdaspe-Couchet se sont mariés en 1875, l’époux est natif de Lurbe, fils de Louis et de Madeleine Castagné, l’épouse est née à Escot, elle n’a que 18 ans elle est fille de feu Jean Pierre et de Anne Lauda.
Après le décès de sa jeune épouse de 19 ans, Louis se remarie en 1879 avec Marie Domecq native d’Oloron Ste Marie. Ce couple aura huit enfants dont cinq garçons. Tous émigreront en Californie sauf Jacques né en 1892 qui épouse Jeanne Affre dans l’Aveyron.
Une constante revient dans cette généalogie : le décès de très jeunes femmes souvent lors ou très vite après les accouchements. Le 2 mars 1848, Bernard Serres-Barranguet (le grand père de Bernard l’émigrant) épouse Marie Jeanne Castagné ; elle décède le 16 mars moins de deux semaines après son mariage : elle a 21 ans. En 1850, il épouse la jeune sœur Madeleine Castagné, 20 ans, elle met au monde 7 enfants et décède a 33 ans dix pours après la naissance de Vincent qui ne vivra que quelques mois. Et la série continue avec le décès, à 19 ans, de Marie Capdaspe, la mère de Bernard.
L’émigration dans la famille Loustalot
L’émigration est un fait commun pour les Barranguet-Loustalot ; plus souvent appelés Loustalot car selon la coutume béarnaise c’est le nom de la maison qui prime sur le patronyme du père. Déjà dans les années vingt, le grand père de Bernard était absent quand ses enfants naissaient car il était hongreur« crestadous » en béarnais et parcourait l’Espagne pour exercer son métier.
Partis 7 ou 8 mois et même parfois plusieurs années, ce métier était à haut risque et très dur physiquement et moralement. Les risques de blessure, d’agression et de maladie étaient élevés, comme nous pouvons le constater à la lecture de leur correspondance. Beaucoup se sont établis en Espagne ou au Portugal, y sont morts, y ont des descendants » http://www.memoire-ossau.fr/197/les-crestadous-bilherois/
Ensuite en 1848, un grand oncle Pierre Barranguet-Loustalot ou Serres-Barranguet part pour l’Uruguay. Il s’installe à Rosario dans le département de Colonia où il épouse Pilar Mac Coll dont il a plusieurs enfants. Pilar décède en 1871, Pierre revient à Lurbe avec une jeune enfant qui décède à cinq ans ; il est qualifié de « rentier » aux mariages de ses neveux dont il est témoin. Rentier signifie à l’époque qu’il n’a plus besoin de travailler il a donc fait fortune en Uruguay.
En 1875, il a 49 ans et se remarie avec Marie Bouhaben âgée de 23 ans. Ils ont 3 filles puis on ne retrouve plus leur trace à Lurbe. Sont-ils partis en Californie ? Est-il « Uncle Pete » qui a fait venir Bernard en 1900 ?
Enfin en 1884, un oncle Jacques Barranguet-Loustalot a 24 ans, il quitte le Béarn en direction de San Francisco ; il part avec 4 autres jeunes gens de Lurbe dont son cousin Jean Pierre Pérès-Labourdette 22 ans, Marie Loustaunau 18 ans et son frère Pierre 11ans et Marie Lacoste 22 ans. Qui les a fait venir ? En règle générale, les filles et les très jeunes gens partaient dans la famille ou chez des connaissances.
Bernard sera exempt de service militaire « ainé de neuf enfants ». Il émigre en 1900.
La vie en Californie
Toutes les informations qui suivent viennent des recherches de Lynne Black
Au début du vingtième siècle, Bernard a émigré en Californie attendu par « Uncle Pete » mais à ce jour, nous n’avons pas pu identifier qui est cet « oncle Pierre ». Bernard arrive en Californie en janvier 1900, il a 23 ans, il travaille dans la laiterie de l’oncle qui a payé tout ou une partie de son voyage, il est chargé de la livraison du lait à San Francisco. C’est au cours de sa tournée qu’il fait la connaissance de Marie Marcillac, employée comme gouvernante dans une maison où Bernard livre le lait. Marie Marcillac est une jeune et récente émigrée originaire de Rodez en Aveyron. Ils se marient en 1904 à notre Dame des Victoires, appelée l’église des Français, puis ils ouvrent une blanchisserie (laundry) à San Francisco.
www.france-amerique.com/l_epopee_des_blanchisseries_bearnaises_en_californie.html
Les Français de San Francisco forment une communauté soudée et active. Ils sont ouvriers spécialisés, marchands, banquiers, avocats ou gestionnaires dans l’hôtellerie et la restauration. En 1851, ils fondent la Société française de Bienfaisance Mutuelle. Un an plus tard, ils ouvrent un premier hôpital qui deviendra une véritable institution sous le nom d’Hôpital Français et fondent la même année L’Écho du Pacifique (1852-1865), un organe de presse quotidienne d’information locale en langue française, anglaise et espagnole. Ils construisent l’église Notre-Dame-des-Victoires en 1856 sur Bush Street, au cœur de San Francisco et, sous l’impulsion du ténor parisien André Ferrier, ils inaugurent un théâtre : La Gaieté Française.
Trente pour cent de ces Français étaient originaires du Béarn, et de nos jours encore, les Béarnais sont très présents à San Francisco. Ils émigrèrent en masse au XIXe siècle pour des raisons économiques et l’attrait de l’or en particulier, avant de se reconvertir dans la blanchisserie à San Francisco. En 1915, la ville comptait plus de cent blanchisseries béarnaises, chacune étant régie par une petite communauté autonome avec sa hiérarchie sociale et professionnelle. La langue béarnaise était la langue officielle de ces communautés d’immigrés fidèles aux traditions de leur pays d’origine.
www.bearnaisla.com/16_San_Francisco_and_the_French_Hand_Laundry.html
Louise, leur fille ainée, naît à San Francisco en 1906 quelques jours avant le terrible tremblement de terre. Tout est détruit, ils perdent tous leurs biens : la maison et la blanchisserie. Ils ne leur reste que leur courage !
Bernard et Marie déménagent vers le Comté de Contra Costa au nord-est de la baie de San Francisco. Pierre change complètement de métier et va travailler dans une usine de dynamite à Point Pinole dans le même Comté et c’est là aussi que Marie donne naissance, en 1908, à son second enfant : Peter le père de ma correspondante Lynne Black. Bernard Barranguet- Loustalot travaillera 40 années dans la même usine, presque jusqu’à la fin de ses jours.
Bernard Barranguet-Loustalot décède le 7 janvier 1957 à 79 ans, Marie Emilie Marcillac, son épouse, décède en 1960 au même âge à San Francisco aussi.
L’émigration des frères Barranguet-Loustalot
En fait ce sont des demi-frères de Bernard, issus du second mariage mais dans la famille ils sont qualifiés de frères. Leur mère Marie Hélène Domecq, seconde épouse de Louis Barranguet-Loustalot, quitte Lurbe après le décès de son époux survenu en 1913 et va rejoindre ses enfants en Californie où elle s’éteint en 1945 à San Francisco.
En septembre 1900, Madeleine née en 1882 part rejoindre Bernard. Elle épouse Pierre Lahaderne et décède à San Mateo en 1979 presque centenaire.
Anne, sa jumelle émigre aussi et épouse Edouard Lahaderne à San Francisco.
Pierre né en 1879 arrive en 1902, il épouse Anne Marie Casabonne originaire d’Oloron ; il décède à San Francisco à 94 ans.
Marie née en 1883 émigre en 1903, épouse Jean Lahaderne et décède à San Francisco à 80 ans.
Marie Thérèse née en 1887 émigre en 1907, elle épouse Jean Baptiste Urrère-Pon d’Ogeu et décède à San Francisco à 98 ans.
Joseph né en 1894 épouse Thérèse Pon, il décède à San Francisco en 1952
Jean né en 1894 émigre en 1913 et décède à San Francisco en 1985
Seul, Jacques né en 1892 n’a pas émigré mais il est allé rendre visite à ses frères californiens en 1945 peut être lors du décès de sa mère. Jacques s’est marié à St Affrique en Aveyron où vit toujours une partie de sa descendance.
A travers les mariages on remarque que le communauté béarnaise était très soudée car tous les Barranguet-Loustalot ont épousé des conjoints de la vallée d’Aspe : Pon, Laherderne, Casabonne, excepté Bernard. C’est une famille dont les membres ont réussi une émigration heureuse, ils ont dû travailler énormément mais ils ont eu une longévité exceptionnelle en Californie où ils ont rencontré des conditions matérielles plus confortables qu’au Béarn.
Pierre a aussi travaillé à la livraison de lait et de fromage. La laiterie existait avant son arrivée ; elle était basée dans le Comté de Santa Clara et portait le nom de « Loustalot Brothers ». Le service de livraison s’appelait « Laiterie nationale » ; dans une publication de 1909 l’entreprise est enregistrée comme appartenant à P. Loustalot, J. Ordoquihandy et J. Lacabanne.
Lynne est restée en contact avec Hélène la fille de Joseph et de Thérèse Pon. Hélène, actuellement centenaire, raconte qu’elle a vécu à Lurbe dans son enfance et qu’elle y est souvent revenue. Elle se souvient de la maison familiale avec la lourde porte en bois où chaque fils Loustalot gravait ses initiales avant de quitter la maison paternelle pour rejoindre la Californie. A 18 ans, Hélène vivait dans le Ranch Pon situé dans le nord de la Californie et dans lequel on élevait des moutons. C’était une propriété immense de 9 000 hectares. A Lurbe, la ferme Loustalot faisait un peu moins d’un hectare.
Lynne, petite fille de Bernard, fille de Peter, viendra prochainement sur les traces de ses ancêtres à Lurbe St Christau.
Bonjour!
J’ai lu avec grand intérêt votre article sur une partie de ma famille. ( lien envoyé par ma sœur Genevieve entrée en contact avec vous).
J’aimerais bien entrer en contact avec Lynne qui est une cousine éloignée . Pouvez vous me faire parvenir son adresse mail?
Je me permets une petite précision. Nous sommes à peu près certains que notre grand père Jacques n’est jamais allé a San Francisco. En effet, enfant il avait eu la polio et en avait gardé des séquelles a un pied. Il marchait à l’aide d’une canne et n’avait jamais voulu faire ce long voyage à l’époque , au grand regret de ma grand mère.
Je vous remercie mille fois de cet article qui nous a appris des tas de détails sur notre famille.
Bien à vous
Odile Aston.